L’Amérique renversée

La nouvelle saison de House of Cards, prévue en mai, s’annonce brutale.

Depuis la fin de sa deuxième saison, il faut bien l’avouer, la série politique phare de Netflix a suscité une forme d’ennui poli, loin des premiers enthousiasmes dus à son élégance ténébreuse. A force de noirceur finalement complaisante et de choix narratifs improbables, House of Cards s’était transformée en machine à produire du dégoût, pour ses personnages et peut-être, accessoirement, pour la politique. Il fallait un miracle pour susciter de nouveau notre intérêt.

Le réel étant à la fois impitoyable et joueur, il s’est chargé de la question. Mis en ligne le jour où Donald Trump a accédé à la fonction suprême à Washington, le premier teaser de la cinquième saison laisse entendre un groupe d’enfants clamant leur allégeance au drapeau américain – une obligation dans toutes les écoles. Il montre en même temps ledit drapeau flottant devant le Capitole, sous un ciel bardé de nuages noirs, et placé la tête en bas, les étoiles sur fond bleu renversées. Dans la symbolique américaine, il s’agit d’un signal de détresse.

Dans le monde fictionnel de House of Cards, on peut le concevoir comme une manière de prévenir le spectateur que seul Frank Underwood, le président virtuel incarné par Kevin Spacey, peut rivaliser avec l’animal qui a pris ses fonctions à la Maison Blanche. Après le remarquable épisode de Black-ish consacré à l’aprèsélection, il semble de plus en plus évident que 2017 sera l’année où les séries, capables d’une réactivité immédiate face aux événements du monde, suivront l’histoire en marche sans fermer les yeux.