Temperance Temperance

Pias

Discret orfèvre de la pop française, Dominique Dalcan revient sous un nouveau nom avec un album electro chanté en anglais.

La musique électronique a toujours attiré Dominique Dalcan, artiste discret mais essentiel à la variété française depuis 1991, date de son premier album Entre l’étoile & le carré. Ce n’est pas un hasard si, par exemple, Dalcan confia l’un des remixes de son single Aveugle et sourd (1996) au duo anglais Autechre, déjà à la pointe d’une electronica flirtant avec l’abstraction, ou si, dans le tout aussi réussi L’Air de rien (1998), on reconnaissait un sample de Luke Vibert.

Dès 1996, Dalcan donne naissance à Snooze, un avatar créé pour épancher sa soif de musique électronique, alors en pleine mode trip-hop. Snooze laisse trois albums en dix ans. En solo, Dalcan a publié en 2013 le très bel Hirundo, cassant quinze ans de silence avec cet album émouvant et montrant à qui pouvait en douter qu’il était encore capable d’occuper les devants de la scène française.

Temperance, nouveau projet derrière lequel il ne se cache pas vraiment – on le reconnait à la première seconde –, est le résultat de ces préoccupations. C’est un disque chanté, en anglais cette fois, purement électronique ou presque, mais pas fait pour danser. C’est une musique élégiaque, très aérienne, ne comportant presque aucun beat, procédant par de lentes montées qui s’interrompent soudainement, laissant de larges espaces pour que la voix – toujours aussi assurée – de l’artiste puisse se déployer avec aisance.

Ce qui frappe surtout, c’est le choix des sons. Outre un bel hommage au O Superman de Laurie Anderson sur Your Body Is a Territory, on est ravi d’entendre un Dalcan toujours très au fait de la musique d’avant-garde. Ses sons sont beaux, savamment choisis, un travail d’orfèvre. Et ne nous leurrons pas : lorsqu’un mélodiste de cette trempe décide d’aborder un disque par son versant expérimental, la beauté de ses compositions, certes parfois dissimulée, n’en ressort qu’avec plus d’évidence.