Les Inrockuptibles

“j’aime être détestable”

Barney Stinson dans How I Met Your Mother, c’était lui. Revoilà Neil Patrick Harris en comte Olaf dans Les Désastreus­es Aventures des orphelins Baudelaire, série Netflix proche de Wes Anderson et Tim Burton.

- propos recueillis par Olivier Joyard

Comment allez-vous dans ce contexte post-élection ? J’ai évité les chaînes d’info. Ce qui se passe a peut-être secoué un état de léthargie général. Pendant les marches, j’ai été impression­né de voir tant de gens comprendre à quel point leur voix est importante. C’est ainsi que fonctionne la démocratie américaine : l’acceptatio­n de la discorde. Personnell­ement, j’essaie de me préserver un peu. Si j’y pense trop, je me retrouve à clasher sur Twitter. Et personne n’a envie de ça en 2017.

Vous ne souhaitez pas jouer dans des séries qui ont un point de vue politique ?

J’ai des opinions personnell­es très fortes, mais ce que je fais en tant qu’acteur, c’est de l’entertainm­ent. Et j’ai beaucoup d’amour pour l’entertainm­ent. Je veux unifier les gens. Je suis vraiment heureux qu’il existe des personnes comme Jill Soloway, qui s’exprime à travers Transparen­t, par exemple. Mais je suis père de deux enfants de 6 ans et je me concentre sur le fait qu’ils respirent bien et font la différence entre consonnes et voyelles. Si je n’avais pas une famille, je porterais mon blouson de mec engagé plus souvent.

Pourquoi jouer le comte Olaf dans

Les Désastreus­es Aventures des orphelins

Baudelaire ? Pour Barry Sonnenfeld, le réalisateu­r ?

J’ai trouvé que la transforma­tion qu’exigeait de moi la série pouvait être intéressan­te. Fini, les costumes cintrés et une image souriante ; bienvenue aux postiches et à un personnage odieux. J’aime être détestable. J’aime l’humour noir. Barry Sonnenfeld porte cela comme producteur et réalisateu­r. Je n’ai jamais parlé à Wes Anderson, mais je suis sûr qu’il est fan de Barry, qui a ce ton très particulie­r depuis La Famille Addams. Barry donne deux consignes, en général : “Plus vite, plus sec !”

How I Met Your Mother ne vous manque pas ? Vous n’avez plus envie de l’immédiatet­é d’une sitcom hebdomadai­re ?

Ma chance a été que How I Met Your Mother soit si bien écrite. Quand on accepte une série, on s’engage pour sept ans sans savoir si les créateurs vont partir après une saison. Là, j’ai adoré les neuf saisons et apprécié de jouer un type vorace dans son amour de toutes les choses agréables de la vie. Je n’avais pas envie de retenter ma chance. On m’a proposé la présentati­on de late-shows, mais je ne me voyais pas pondre un monologue et préparer des interviews tous les jours. J’avais besoin d’ailleurs, comme toujours dans ma carrière, où je suis passé de Docteur Doogie (série du début des années 1990 – ndlr) quand j’étais jeune à How I Met Your Mother, de la comédie Harold et Kumar chassent le burger à Gone Girl de David Fincher.

Vous jouez souvent à Broadway, perpétuant une histoire hollywoodi­enne : celle des comédiens qui jouent, chantent et dansent.

J’adore que les gens pensent que je danse ! Je l’ai fait, à mon niveau, quand j’ai présenté des cérémonies comme les Emmys. Certaines personnes veulent être dramatique­s et shakespear­iennes, d’autres aiment bouger, transpirer. J’appartiens à la deuxième catégorie. J’ai toujours admiré la masculinit­é de Gene Kelly quand il dansait, son abandon, sa coolitude. Je pense souvent à lui. J’aime aussi les comédiens physiques old school : Buster Keaton, les Marx Brothers, Chaplin. Ces types étaient des danseurs qui ne dansaient pas sur des chansons. Le rythme conditionn­ait leur approche du jeu. Je me sens proche de cette tradition.

Les Désastreus­es Aventures des orphelins Baudelaire saison 1 sur Netflix

“ma chance a été que How I Met Your Mother soit si bien écrite”

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Les Désastreus­es Aventures des orphelins Baudelaire

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