Les Inrockuptibles

Holy Fatma

Son moyen métrage est un bijou baroque où se croisent Terry Gilliam et Tim Burton.

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Quand Holy Fatma, croisée à Cannes, m’a transmis le lien de son moyen métrage, j’y ai jeté un oeil sans trop y croire. J’avais tort : Please Love Me Forever est un petit bijou baroque qui ressemble à un inédit de Tim Burton, Terry Gilliam ou David Lynch. Depuis, il a fait le bonheur du public du Festival de Gérardmer. Faire un film aussi poétiqueme­nt et techniquem­ent abouti avec si peu de moyens relève du tour de force. Durant une enfance difficile, Holy Fatma se réfugie au cinéma Pathé-Wepler. Marquée par le Moonwalker avec Michael Jackson puis Le Pacte des loups de Gans, elle s’éprend du genre fantastiqu­e, de ses monstres et ses métamorpho­ses, de son extraversi­on stylistiqu­e, sensible au grotesque et à la beauté du laid. Elle étudie le cinéma à Paris, Rome, puis L. A., où elle réalise des courts de trois minutes. Préférant être cinéaste fauchée en France que décoratric­e en Californie, elle dirige un atelier de l’associatio­n 1 000 visages, cofondée par Houda Benyamina (l’auteur de Divines, qui forme la jeunesse des quartiers au cinéma), puis signe Please Love Me Forever, dont le titre est emprunté à une friandise pop du chanteur sixties Bobby Vinton. Holy Fatma pratique aussi la photo, où elle se met en scène (voir ci-dessus). Le 27 février, jour de diffusion de son film sur France 3, un spectacle de 1 000 visages qu’elle a mis en scène sera donné à Paris, au Théâtre du Gymnase, pour les 10 ans de l’associatio­n – l’occasion aussi de rendre hommage à Théo et Adama. Prochaine étape, un autre moyen métrage, puis un long, en cours d’écriture. Autant de promesses d’autres monstres magnifique­s. Serge Kaganski

Please Love Me Forever (Fr., 2016, 27 min.), diffusé le 27 février, dans Libre court, 00 h 20, France 3

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