24: Legacy, aux abris

Dans l’Amérique de Trump, le reboot de la série antiterroriste phare de l’ère Bush fait peine à voir.

Ily a quinze ans, celle que son diffuseur français nommait encore 24 heures chrono secouait la manière de regarder des séries en “inventant” sans le savoir le binge-watching. Avec son intrigue en temps réel et une façon d’hystériser chaque scène jusqu’à son point de rupture surtendu, la création de Robert Cochran et Joel Surnow fascinait et poussait à en demander toujours plus, malgré les errements improbables de son héros Jack Bauer et un agenda politique bourré de contradictions.

Le cador de la CTU a disparu pour de bon mais l’hystérie, elle, est toujours présente dans cette nouvelle version menée par le comédien Corey Hawkins. Ancien militaire ayant participé à l’élimination d’un chef terroriste islamiste, son personnage, Eric Carter, se retrouve traqué par les sbires de ce dernier, qui veulent récupérer un document et lancer des attaques sur le territoire américain. Familier ? Evidemment. Mais, alors que l’actualité n’a jamais été aussi collée à sa thématique (ou l’inverse), 24: Legacy réussit à n’être pertinente sur rien : ni sur les enjeux politiques de la lutte contre le terrorisme, grossièrement abordés ici en plein “Muslim ban” trumpien, ni sur les questions formelles.

La série, qui regroupe plusieurs anciens de l’originale, perd même totalement pied et devient pathétique dans sa manière de rejouer, comme un copier-coller servile, les mêmes tics que sa devancière. Pour un peu, on se croirait téléporté dans la télévision du début des années 2000. Un âge d’or, sans doute. Mais qui a encore envie de vivre dans le passé ? O. J.

24: Legacy sur Fox