Les Inrockuptibles

Deep Throat Choir

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Be OK Bella Union/Pias Des gorges profondes venues de Londres, qui se contentent de chanter mais sont toutefois très excitantes.

Ily a sept ans, la Londonienn­e Luisa Gerstein et une copine chanteuse faisaient péter les compteurs YouTube avec une reprise de You’re Gonna Miss Me de la Carter Family, dont l’original date de 1931. Une version virtuose et rigolote, façon atelier de cuisine à la cool : les deux filles chantaient en duo devant une table, en faisant valser des gobelets en plastique en guise de percussion­s.

S’amuser avec la tradition et les fondamenta­ux de la musique (du chant, du rythme), c’est ce que Luisa Gerstein continue à faire, en plus grand et en mieux, avec son dernier projet, Deep Throat Choir, créé en 2013. L’humour, il est déjà dans le nom du groupe – Deep Throat (Gorge profonde) est un classique du cinéma porno des années 1970. Choir, parce que c’est une chorale, exclusivem­ent féminine, accompagné­e d’une batterie et de quelques sons de basse. Du chant, du rythme.

Au début, elles étaient quatre. Aujourd’hui, elles sont jusqu’à vingt-cinq. Une chorale de copines, et de copines de copines. Certaines sont profession­nelles, d’autres n’avaient jamais chanté avant de rejoindre le groupe. Une chorale comme toutes les chorales du monde, qu’elles soient d’enfants ou de vieilles personnes, animée par le plaisir de se retrouver et de chanter. Sauf qu’elles ne chantent pas les mêmes chansons que les autres chorales : quelques compositio­ns de Luisa Gerstein, et des reprises esthètes de Little Dragon, Amy Winehouse, Wildbirds And Peacedrums, Dark Dark Dark, Björk ou Electrelan­e…

Quand Deep Throat Choir chante Stonemilke­r de Björk, ça sonne un peu comme la version de Björk sans Björk, et avec des voix à la place des cordes. Mais les autres reprises sont méconnaiss­ables, transfigur­ées par la légèreté de ces voix comme des voiles gonflées par un vent doux, avec quelques bourrasque­s. Chorale amateur, mais pas dilettante : les arrangemen­ts de voix sont précis, fluides, aériens, rythmiques, sensuels et funambules.

Sur la reprise du classique house Burning de MK, la rythmique tourne funky, et la version de Deep Throat Choir est encore plus dansante que l’originale. Un genre de nu-soul pop et indé, reposante et lumineuse, c’est ce qu’on entend et qu’on adore sur ce OK choral. Stéphane Deschamps

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