Spécial mode : le sportswear
exit l’esthétique rock : le sportswear, plus complexe et transversal que jamais, a pris le pouvoir, dans la rue et les défilés haute couture. Dossier 20 pages, avec un shooting de nouvelles têtes à suivre + portrait de Glenn Martens, créateur belge derrière la marque Y/Project + story Tati, l’enseigne au célèbre slogan “La rue est à nous”
La rue est à nous” : c’est un des slogans les plus célèbres de Tati, l’enseigne créée par Jules Ouaki en 1948, qui a révolutionné la façon de vendre des fringues, en vrac et à des prix adaptés aux porte-monnaie faméliques de l’après-guerre : “les plus bas prix”, claironnait-on chez Tati. Près de soixante-dix ans après son ouverture, l’enseigne vichy rose est à vendre. Mais son slogan résonne plus que jamais dans la mode actuelle. En 2017, il suffit de jeter un coup d’oeil aux derniers défilés, à la montée en puissance de Vetements, de Gosha Rubchinskiy ou aux dernières collections Vuitton : le pouvoir de la rue, et avec lui de la culture hip-hop et sportswear, n’a jamais été aussi patent. Comme l’explique Mademoiselle Agnès dans la story que nous consacrons à Tati, “la pyramide s’est inversée (…). Le luxe est un peu en train de se transformer en un Decathlon géant”.
Le comble du chic en 2017 ? S’habiller de manière ordinaire, en suivant les codes de la rue. Ou plutôt faire comme si – la mode n’étant pas prête à renoncer à son pouvoir de distinction –, en mixant les influences, en jouant, en signifiant l’écart. C’est tout l’esprit de notre série pour laquelle nous avons réuni quelques jeunes artistes prometteurs : la très sixties chanteuse et guitariste Anna Jean, du groupe Juniore ; la DJ Louise Chen, l’écrivain Simon Johannin ; Kiddy Smile, DJ et producteur house…
Nous avons également rencontré Glenn Martens, un des créateurs les plus influents de la scène parisienne actuelle. Avec sa mode radicale, qui mixe swag hip-hop et influences Renaissance, ce Belge de 33 ans personnifie ce néostreetwear, synonyme selon lui d’une nouvelle liberté du corps et de codes sociaux devenus plus poreux : “On peut évoluer dans différents cercles sociaux habillé en streetwear. On peut vivre cinq vies très différentes dans la même journée. Je fais des vêtements qui s’adaptent à nos quotidiens.” Géraldine Sarratia photo Giasco Bertoli pour Les Inrockuptibles