Les Inrockuptibles

ARTE fait sa musique

ARTE Concert Festival revient pour sa deuxième édition, du 6 au 8 avril, à la Gaîté Lyrique de Paris. Concerts, projection­s, showcases découverte­s et ateliers rythmeront trois jours et trois nuits de festivités.

- Abigaïl Aïnouz

Al’origine, en 2009, était ARTE Concert, plate-forme de diffusion de live à la programmat­ion pointue et néanmoins rassembleu­se. Puis il y eut la première édition d’ARTE Concert Festival (ACF), en 2016, avec The Divine Comedy, Carl Craig ou Patrick Watson. Le festival est de retour, en avril, à la Gaîté Lyrique de Paris, terrain de jeu idéal. Se démarquant des mastodonte­s qui envahissen­t la capitale comme le récent Lollapaloo­za Paris, l’ACF propose un format plus intimiste et créatif dans une salle à taille humaine qui offre la possibilit­é de projeter des vidéos à 360 degrés. Au programme, les concerts en livestream sur concert.arte.tv et une émission spéciale à l’antenne d’ARTE (le 7 avril à partir de 22 h 30), filmés par les caméras de la Blogothèqu­e, des ateliers et des projection­s sur le plateau média et dans l’auditorium. Cerise sur le gâteau, des showcases sont également prévus dans le foyer historique de la Gaîté Lyrique, créant plus de proximité avec le public.

ARTE Concert Festival cherche à toucher un auditoire large et varié, et propose pour cela trois grandes soirées ciblées : pop et rock le jeudi 6 avril, piano le vendredi 7, et musiques électroniq­ues le samedi. Cette année, il accueille le grand pianiste Chilly Gonzales et l’icône de Pulp, Jarvis Cocker. Sera aussi fêter le retour des Californie­ns de Grandaddy. Brassant les continents et les genres, on aura la chance de se trémousser grâce à l’énergie débordante des jeunes Espagnols de Mourn ou de vibrer sur les production­s de l’Israélienn­e Noga Erez.

Première française, la création de Chilly et Jarvis est de loin la plus attendue. A la soirée piano du vendredi, le duo présentera son projet Room 29 dans une configurat­ion particuliè­re (places assises), après le Barbican à Londres et avant la Philharmon­ie (pour le festival Days Off). Inspiré d’une room du Chateau Marmont (célébrissi­me hôtel de Los Angeles), Room 29 est un conte qui met en scène les hôtes de la chambre 29. Depuis des années, les deux artistes échangent en secret et nourrissen­t ce projet fantomatiq­ue. Pour l’occasion, ils auraient même demandé qu’on installe un lit au milieu du public… Le concert sera retransmis en direct sur ARTE.

On attend avec autant d’impatience le concert de Grandaddy, qui vient de sortir son cinquième album, Last Place, sur le label du producteur Danger Mouse, Century Records. Dix ans après la sortie des anti-love songs de Just Like the Fambly Cat suivie de près par la séparation du groupe californie­n, Jason Lytle est officielle­ment de retour avec un album studio triomphal. Si vous n’aviez pas eu la chance de vivre leur reformatio­n live lors d’une brève tournée en 2012, ne ratez pas leur concert à l’ACF, qui promet d’être aussi émouvant qu’exceptionn­el – la seule consigne donnée par les programmat­eurs étant d’improviser. Une liberté sans précédent pour un festival. C’est d’ailleurs ainsi que Patrick Watson a invité

la diversité au coeur de la ligne éditoriale du festival s’imprime comme une marque de fabrique permettant de mélanger internaute­s, téléspecta­teurs et spectateur­s

l’an dernier le public à le suivre à l’extérieur de la salle pour vivre un grand moment de musique dans le foyer historique.

Jamie Lee, tête pensante du groupe Money, qui aura carte blanche le jeudi 6 avril, devrait lui aussi nous réserver de belles surprises. Autre coup de coeur de cette seconde édition : l’inépuisabl­e multi-instrument­aliste de l’Oregon, Peter Broderick. Difficile de suivre la discograph­ie palpitante de ce trentenair­e, qui a notamment collaboré avec son “frère de songs”, Nils Frahm, en 2012, sur le disque répondant au doux nom URL http://www.itstartshe­ar.com. Plus récemment,

il s’est illustré sur Colours f the Night (Bella Union, 2015), enregistré lors d’une résidence suisse dans un studio hip-hop, et l’an dernier sur un touchant disque solo au piano Partners (Erased Tapes, 2016). Autre grand espoir de la soirée piano, l’exubérante chanteuse de Caroline du Nord, Sarah McCoy. Imaginez une voix de diva soul, une tomwaitsie­nne, devant un piano rageur (et une bouteille de whisky à la main). Définitive­ment punk avec ses tatouages, ses dreadlocks et ses piercings, Sarah prépare un premier album enregistré avec son groupe de La Nouvelle-Orléans et les Limiñanas.

Un peu à part, la soirée electro enflammera le dance-floor avec le vétéran du label Warp, Clark (qui sortira son huitième album, Death Peak, le 7 avril), mais aussi l’electro dansante et glaciale des Anglais de Factory Floor, et la dernière pépite de Tel-Aviv, Noga Erez. Le festival se clôturera par un B2B entre un Simian Mobile Disco et le producteur Danny Daze, mélangeant habilement italo-disco et techno en provenance directe de Detroit.

La création française ne sera pas en reste, notamment grâce aux showcases co-organisés par les pionniers inRocKs lab. Si l’édition 2016 a su révéler Michelle Blades, Her Magic Wand ou encore Gérald Kurdian, les plateaux de 2017 sauront célébrer la création hexagonale. A la Gaîté Lyrique, derrière le petit écran ou sur son mobile, le public pourra jouir de cette expérience live où qu’il soit. La diversité au coeur de la ligne éditoriale du festival s’imprime ainsi comme une marque de fabrique, permettant de mélanger – en plus des genres musicaux – internaute­s, téléspecta­teurs et spectateur­s.

ARTE Concert Festival du 6 au 8 avril à Paris (Gaîté Lyrique), et sur concert.arte.tv lire l’entretien Chilly Gonzales/Jarvis Cocker pp. 12-17

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Les Espagnols néo-grunge et post-punk de Mourn
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Le Grandaddy Jason Lytle
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La dernière pépite electro-pop de Tel-Aviv, Noga Erez

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