Les Inrockuptibles

L’art du hacker

En déconstrui­sant le langage corporate, Jason Matthew Lee montre que les codes du web peuvent devenir ceux d’une ratique artistique en résistance.

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Jp e ne suis pas un hacker en tant que tel, mais depuis que je suis au lycée, je bidouille des peintures sur mon ordinateur, en écoutant de la drum’n’bass et en vidant des canettes de Mountain Dew”, nous déclare d’emblée Jason Matthew Lee. Né en 1989, l’Américain s’est fait repérer, au fil de quelques apparition­s rares mais remarquées, avec des oeuvres qui, depuis des téléphones publics “tunés” jusqu’à des peintures intégrant des lignes de code à leur surface, exploraien­t l’analogie entre le hacker et l’artiste.

En cela, Jason Matthew Lee n’est pas seul, et le topo de l’artiste-comme-hacker apporte d’ailleurs une réponse à la question des formes d’engagement des artistes contempora­ins, soulevée avec Jesse Darling (lire ci-contre). En revanche, il est bien l’un des rares à s’être plongé en immersion totale dans l’environnem­ent qui l’inspire, et à exposer directemen­t dans un datacenter.

En collaborat­ion avec sa galerie parisienne, la galerie Crèvecoeur, l’artiste montre actuelleme­nt une série d’oeuvres installées dans les cinq étages de la nouvelle tour du datacenter Marilyn. Reprenant les codes de l’entreprise qui l’accueille, en l’occurrence CELESTE (un opérateur de fibre optique destiné aux entreprise­s), l’artiste conçoit une installati­on immersive où, à travers vidéos et peintures, le langage corporate se délite comme sous l’effet d’un virus. Une leçon d’art contextuel qui montre combien le web n’a pas fini d’inspirer l’art – non pas le net-art, mais bien l’art tout court. I. L.-G.

Tragic Venus jusqu’au 24 mars au datacenter Marilyn de CELESTE, Champs-sur-Marne, en collaborat­ion avec la galerie Crèvecoeur, Paris XXe. Visites sur rendez-vous

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