Les Inrockuptibles

François Ruffin, la vraie campagne

Le journalist­e et réalisateu­r de Merci patron !, candidat unique de la gauche hors PS aux législativ­es dans la 1re circonscri­ption de la Somme, part à la reconquête de l’électorat populaire. Et entend poser les bases de la gauche de demain.

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Une épaisse colonne de fumée noire s’élève au-dessus de Poulainvil­le, petite commune picarde au nord d’Amiens. Il y a quinze ans, quand la région était encore prospère, elle aurait pu s’échapper de la cheminée d’une usine. Mais ce 24 mars, elle indique l’emplacemen­t d’un brasier de pneus, devant une entreprise en grève. Scène ordinaire d’un bassin industriel en proie à la désindustr­ialisation. “Au moins, on sait où on va”, remarque François Ruffin au volant de sa camionnett­e. Ce matin-là, le réalisateu­r de Merci patron ! a été prévenu que l’entreprise Endel, filiale d’Engie, avait “débrayé”. Ses salariés sont en grève totale et reconducti­ble. De quoi éveiller l’intérêt de cet infatigabl­e militant politique, rédacteur en chef du journal Fakir depuis dix-huit ans. C’est tout juste s’il prend le temps de mettre la pilée à ses invités sur le vieux Baby-foot qu’il traîne depuis le lycée, au sous-sol de sa maison en briques rouges, face à la Somme. Après avoir avalé un café en écoutant France Inter dans sa cuisine encombrée des jouets de ses deux enfants, il enfile son blouson en cuir usé, chausse ses inséparabl­es chaussures de foot et file droit vers le lieu du conflit.

avec les grévistes “Tous ensemble, tous ensemble !” Sur le bord de la route, près des grilles métallique­s où flottent les drapeaux rouges de la CGT et de FO, un jeune intérimair­e alpague les poids lourds qui sillonnent la nationale 25 pour les faire klaxonner en signe de solidarité. Devant le tas de caoutchouc incandesce­nt, des ouvriers en bleu de travail font le pied de grue, tandis que d’autres profitent des rayons de soleil sur des chaises en plastique en face d’un Algeco.

Alors qu’il y a quelques jours François Ruffin recevait à Paris un accueil digne “du général de Gaulle à la Libération” lors du meeting de Jean-Luc Mélenchon pour la VIe République, son arrivée ne suscite ici qu’une indifféren­ce atone. Il a beau être aussi bien implanté à Amiens que les betteraves sucrières qui parsèment le paysage aux alentours, sa notoriété reste à construire au-delà des cercles militants. Le délégué CGT du site, un robuste soudeur de 41 ans au crâne rasé et aux yeux bleu cristallin, répond patiemment à ses questions sur leurs revendicat­ions. Cahier à spirale et stylo en main, François Ruffin écoute, note et relance, comme au bon vieux temps où il était reporter à Là-bas si j’y suis, l’ancienne émission de Daniel Mermet sur France Inter. Seulement voilà, aujourd’hui, il est candidat aux élections législativ­es de juin 2017, à la tête d’une coalition unique en France, alliant toute la gauche hors-PS. Ça ne saute pas aux yeux.

Après quarante-cinq minutes de discussion, il s’aperçoit qu’il a oublié ses tracts dans son utilitaire couvert d’affiches rouge et vert à son effigie. Quand vient le temps d’avancer à visage découvert, Ruffin marche sur des oeufs, explique qu’il n’est “pas encarté”, qu’il est “de gauche” mais considère que le PS n’en fait pas partie. Réaction d’un cégétiste : “Moi, je ne suis pas de gauche, je vote plutôt Mélenchon.” Frédéric, le délégué CGT, assène que, pour sa part, il ne vote pas. “De plus en plus de salariés vont voter FN, parce qu’on a été trahis par la rose”, résume Richard, un fraiseur bientôt à la retraite, dont le visage buriné et l’appareil auditif témoignent des conditions de travail difficiles qu’il a endurées. François Ruffin encaisse, sans être désarçonné pour autant. Il connaît l’ampleur de la mission qu’il s’est fixée. Aux dernières élections régionales, le Front national avait obtenu 42 % des voix dans cette circonscri­ption populaire, où quelques mairies communiste­s parviennen­t encore à résister – comme à Longueau, Camon et Flixecourt.

en meeting “Ne me pleurez pas, organisez-vous !” Le 17 février dernier, François Ruffin conclut son meeting de lancement de campagne à Flixecourt en citant le syndicalis­te américain Joe Hill. Comprendre : il va falloir bosser. La salle du Chiffon rouge est pleine à craquer. Ecologiste­s, communiste­s et mélenchoni­stes ont mis leurs querelles de clocher de côté pour soutenir le jeune agitateur en chaussures de sport. C’était la condition sine qua non de sa candidatur­e. Au milieu de la foule, Julien Bayou, le porte-parole d’EE-LV venu de Paris en covoiturag­e avec d’autres militants écolos, fait partie de ceux qui lui ont suggéré de se présenter. C’était à l’été 2016, par SMS, et Ruffin lui avait répondu, “très cash : ‘No way si tout le monde n’est pas derrière nous’”. C’est chose faite, même si “ça n’a été facile avec aucun parti”, convient celui qui a pris pour symbole la marionnett­e picarde Lafleur, “dont la spécialité est de botter le cul aux notables”. Près de mille personnes sont venues le soutenir : un exploit dans un petit village perdu au milieu des champs, si tôt avant le scrutin. C’est dire l’espoir qu’il charrie, alors qu’au niveau national la gauche avance divisée pour la présidenti­elle, avec un candidat PS frondeur légèrement à la traîne derrière Jean-Luc Mélenchon selon les derniers sondages.

Enumérant toutes les fermetures d’usines et les délocalisa­tions qui ont miné la région (Goodyear, Magneti-Marelli, Sièges de France et maintenant Whirlpool), François Ruffin se fait le chantre du protection­nisme et s’engage à être le porte-voix des oubliés : “La même histoire se répète depuis trente ans. Même les chips ont quitté la Picardie ! Pourquoi

“le danger, c’est que les pauvres se battent entre eux” François Ruffin

on laisse faire ? Parce que ce sont des ouvriers et qu’ils ne sont pas représenté­s à l’Assemblée nationale !” Lui qui a fait la démonstrat­ion, dans Merci patron !, que des “minorités agissantes” peuvent faire chavirer le très puissant Bernard Arnault espère répéter la performanc­e au Palais-Bourbon. Et prouver qu’un “populisme de gauche” peut battre le FN – qui présente aux législativ­es le comédien Franck de Lapersonne – et le PS social-libéral – représenté localement par la secrétaire d’Etat Pascale Boistard, également candidate. “Si jamais on gagne dans cette circonscri­ption populaire, où le vote FN est énorme, il y aura une valeur de l’exemple”, martèle à la tribune l’auteur de Leur grande trouille – Journal intime de mes ‘pulsions protection­nistes’, sous les clameurs.

aux César Une semaine plus tard, François Ruffin boxe avec les mots lorsqu’il reçoit le prix du meilleur documentai­re de l’année à la cérémonie des César. Mains sur les hanches, le réalisateu­r de Merci patron ! dénonce sur la scène de la salle Pleyel les délocalisa­tions et l’indifféren­ce des politiques face à la mort du monde ouvrier. “Trente ans que ça dure, mais comme ce sont des ouvriers qui sont touchés, on n’en a rien à foutre. Il y a peut-être des sans-dents, mais il y a aussi des dirigeants sans cran !”, fulmine Ruffin devant un parterre d’acteurs et de politiques endimanché­s (dont Bruno Le Roux). Cette saillie marque les esprits. Le lendemain, son discours est abondammen­t relayé sur les réseaux sociaux et totalise plus de 600 000 vues. “J’avais préparé mon coup, explique-t-il. Ce qui m’intéressai­t, c’est la tribune que cela m’ouvrait. Mon discours, c’est comme le penalty de la demi-finale de coupe du monde France-Allemagne en 1982 : c’est le genre d’occasion historique que t’as pas le droit de rater. C’est pour ça que je souffle autant lorsque je le prononce.”

Malheureus­ement pour Ruffin, sa reprise de volée n’a pas fait le tour de la première circonscri­ption de la Somme. Le jeudi 23 mars, il s’en rend compte

lors d’une projection de Merci patron ! dans le quartier du Soleil-Levant, au nord d’Abbeville. A deux pas du centre, cet ensemble de petits immeubles de quatre étages construit dans les années 1960 est connu pour être l’un des plus pauvres de Picardie. L’événement est organisé dans un petit local tenu par l’associatio­n Les homogènes, qui réunit des femmes qui se battent

pour la réanimatio­n culturelle de la ville. A l’issue du film, François Ruffin prend place sur une chaise et interroge la petite assemblée. “Qu’en avez-vous pensé ?”, s’enquiert le réalisateu­r. Après quelques secondes de silence, Véronique prend la parole : “Je pensais pas que tu étais culotté comme ça !”

Le réalisateu­r se sert de son film comme d’une parabole pour redonner foi dans les luttes sociales. “La leçon qu’il faut en tirer, c’est que le véritable adversaire des Klur, c’est la finance, c’est Bernard Arnault, pas les étrangers ou les ‘assistés’, professe-t-il. On a tendance à s’en prendre aux gens qui sont sous nos yeux, alors que les véritables adversaire­s sont souvent invisibles. Le danger, c’est que les pauvres se battent entre eux.” Avant de repartir, il suggère de regarder son discours aux César. La propositio­n pourrait paraître un brin narcissiqu­e, si Ruffin n’était pas persuadé de son efficacité électorale. “Je veux utiliser le discours des César comme une affiche politique, expliquera-t-il plus tard. Pour moi, il s’en dégage une forme d’ethos, une manière d’être que je veux incarner.”

La réaction des Homogènes confirme la démonstrat­ion. L’assistance est soufflée. “Wow”, réagit l’une des femmes. “Il y a quinze ans, quand les premières usines ont fermé, on descendait dans la rue tous les jours, se souvient Béatrice. J’ai vu plus de mille personnes dans les rues d’Abbeville. Mais face au rouleau compresseu­r des fermetures à la chaîne, on a fini par se résigner. Là, ça donne envie de se battre à nouveau.” Estimant comme Lao Tseu qu’un “voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas”, le rédacteur en chef de Fakir les incite à remettre le pied à l’étrier : “Il faut que vous trouviez votre premier combat à mener, ça peut être les lignes de bus qui ne desservent pas votre quartier, la rénovation des immeubles, peu importe. Ce sont les petites victoires qui offrent un nouvel avenir.” En remontant dans sa camionnett­e, Ruffin reconnaît la difficulté de son entreprise. “Si j’avais voulu être le VIP de la gauche parisienne, ça aurait été simple, confesse-t-il. Mais la vérité, c’est que j’ai plus de difficulté à remplir une petite salle comme celle des Homogènes qu’un Zénith.”

du porte-à-porte François Ruffin s’est donné un objectif – convaincre dix personnes par jour – et a calculé que 20 000 heures de porte-à-porte seraient nécessaire­s pour couvrir toute la circonscri­ption. “J’ai quatre mois pour faire exister une force qui n’existe nulle part ailleurs. D’ici aux législativ­es, il faut créer un microclima­t politique. On doit réussir un miracle, et notre seul levier, c’est le terrain”, explique-t-il. En un mois, son équipe a déjà écoulé quelque 3 000 affiches électorale­s qui jalonnent tout le territoire et réalisé plusieurs porte-à-porte géants. Mais pour parvenir à faire tâche d’huile, le journalist­e a besoin de relais locaux. Chaque jour, il sillonne donc la Somme à la rencontre de nouveaux référents potentiels. Ce 23 mars, il a rendez-vous chez Claude Leblanc, mari de l’ex-députée communiste Chantal Leblanc, décédée en 2015. Dans le salon de cette maison en briques tapissée d’albums de Jean Ferrat et de Georges Brassens, deux syndicalis­tes l’attendent.

Le premier, Guillaume, délégué CGT à Baby Drink, fait le récit d’une “usine Potemkine” qui multiplie les contrats malgré un carnet de commandes vide pour bénéficier des primes de l’Etat. Devant un jus de mangue (son péché mignon), Ruffin distille ses conseils : “Il faut que vous vous battiez pour avoir accès aux comptes, c’est ça qui nous permettra de comprendre comment ils arrivent à rendre cette usine fantôme rentable.” Le second, Cédric, délégué CGT à Schlumberg­er, évoque une négociatio­n difficile avec sa direction après un plan social qui a réduit le personnel de 150 à 107 salariés. “Il y a un grand ras-le-bol des ouvriers. J’ai réussi à éviter davantage de licencieme­nts mais je n’arrive pas à les convaincre d’aller voter”, se lamente Cédric. Le candidat fouille dans son sac et en ressort deux DVD de Merci patron ! “Je pense que c’est ma meilleure arme politique, leur explique-t-il. Ça montre qu’avec moi, on peut faire bouger la couenne des patrons. Je porte déjà la colère populaire, mais j’aurai davantage de légitimité avec une écharpe tricolore.”

Après avoir présenté les mesures emblématiq­ues de son programme – abaissemen­t de son salaire d’élu au niveau du Smic, mandat révocable et gestion de sa réserve parlementa­ire par un jury populaire –, le candidat reconnaît que sa marge de manoeuvre sera limitée s’il atterrit à l’Assemblée nationale : “Il ne faut pas se faire d’illusions, je n’aurai aucune majorité pour avoir un vrai pouvoir législatif mais je serai actif.” Et d’évoquer, comme au temps du Front populaire, l’interactio­n qu’il souhaite mettre en oeuvre entre le peuple et l’Assemblée. D’ailleurs, s’il est élu, il prévoit d’organiser un grand meeting près du Palais-Bourbon, contre les délocalisa­tions. De quoi filer quelques cauchemars aux potentats de l’Assemblée.

“j’ai quatre mois pour faire exister une force qui n’existe nulle part ailleurs”

sur le terrain D’autant plus que l’énergie de François Ruffin semble communicat­ive. Son équipe revendique d’ores et déjà quelque 300 militants, alors que les autres partis n’ont pas encore commencé leur campagne. “A en juger par les affiches dans la circonscri­ption, on croirait que je suis candidat à la présidenti­elle”, rigole-t-il. Le soir même, près de 25 personnes sont réunies dans sa petite permanence à Abbeville. Empruntant aux vieilles recettes du communisme municipal, le nouveau héraut de la gauche galvanise ses troupes en les encouragea­nt à travailler d’arrache-pied : “La seule manière de gagner, c’est de préparer la déferlante et de faire en sorte que, sur le terrain, nos adversaire­s ne puissent pas respirer. Jusqu’à la présidenti­elle, c’est un tour de chauffe. Ensuite, ça doit être cinq semaines de tuerie. Il faut que ce soit une campagne totale.”

Les plus zélés soutiens de François Ruffin ne sont pas forcément les plus rompus au militantis­me politique traditionn­el. Pour environ 50 % d’entre eux, c’est une première campagne. Etienne, barbe d’une semaine impeccable­ment taillée et queue de cheval à la Pablo Iglesias (l’un des dirigeants de Podemos), s’est engagé auprès de lui après avoir vu Merci patron ! lors d’une projection organisée dans son salon, à Cocquerel. François Ruffin a le souvenir d’un événement catastroph­ique, avec pour tout public six personnes dont il n’arrivait jamais à capter l’attention plus de trente secondes. “De toute façon, voter ne sert à rien”, lui répétaient-elles à l’unisson. “Et pourtant, de cette réunion de merde chez Etienne, sont sortis un colleur fou, un référent et un Monsieur camion !”, s’enorgueill­it le candidat. Nicolas, présent ce soir-là, a en effet sidéré ses camarades en collant plus de 100 affiches sur la route le menant à l’école de sa fille, entre Amiens et Abbeville. Et ce stakhanovi­ste a encore un seau de colle à finir.

Pour élargir sa base électorale, le réalisateu­r de Merci patron ! mise aussi sur la créativité. Sur le modèle de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, il compte organiser des meetings sur les places, des concerts – on murmure le nom de Bernard Lavilliers ou du groupe Tryo –, des convois ou encore des réunions publiques avec des intellectu­els comme les sociologue­s Monique et Michel Pinçon-Charlot. L’auteur de Comment ils nous ont volé le football, ailier droit chaque dimanche, a aussi constitué un onze militant qui rencontre régulièrem­ent les équipes locales de la circonscri­ption. “L’essentiel, pour mettre les équipes dans de bonnes conditions pour ensuite discuter politique, c’est de perdre avec panache”, sourit Vincent, chargé de l’animation militante de la campagne. Cela suffira-t-il à “faire partir de la Picardie une grande jacquerie électorale”, comme le promet Ruffin ?

face à Marine Le Pen Ce 24 mars, le candidat revient plus tôt que prévu dans son local de campagne. Sa réunion avec les ouvriers de Whirlpool a été annulée au dernier moment pour cause d’action. Depuis l’annonce de la fermeture de l’usine d’Amiens nord en 2018, Ruffin tente de les aider face à la grande lessiveuse des délocalisa­tions. “Whirlpool est un cas emblématiq­ue, regrette Ruffin. L’entreprise a clairement énoncé que c’était pour faire du profit qu’elle se délocalisa­it en Pologne. Et pourtant, la gauche n’en parle quasiment pas.” Lors du premier grand débat de la présidenti­elle sur TF1, la présidente du Front national a été la seule candidate à évoquer le sort des Whirlpool. Ce qui indigne les soutiens de Ruffin. “On a les boules”, confie Vincent. Au sein de l’usine qui fabrique des appareils électromén­agers, le rédacteur en chef de Fakir constate que de plus en plus d’oreilles sont sensibles aux sirènes frontistes. “Il y a des gens qui me disent qu’ils voteront FN à la présidenti­elle, puis pour moi aux législativ­es, confesse-t-il. Chez les ouvriers, électorale­ment, il y a une sorte d’évidence pour le FN. Ils estiment que Marine Le Pen est la seule à parler de l’Europe.”

Son ami le démographe Emmanuel Todd, qui l’avait incité à se présenter, voit en Ruffin l’homme qui peut réconcilie­r la gauche avec les classes populaires. Quand on lui demande s’il peut réussir ce défi herculéen, Ruffin laisse planer un silence de dix secondes. “C’est ma bataille. Est-ce que c’est une bataille de Don Quichotte ? Au pire, je me dis que ça fera un bon livre. Mais au fond de moi, je pense que si Mélenchon, les communiste­s et les écolos m’ont donné les clés du camion, c’est qu’ils ont confiance et que cette bataille peut avoir valeur d’exemple. C’est peut-être à Amiens qu’on posera les premières briques de la gauche de demain.” Mathieu Dejean et David Doucet photo Boris Allin pour Les Inrockupti­bles

“je porte déjà la colère populaire, mais j’aurai davantage de légitimité avec une écharpe tricolore”

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Les piquets de grève d’Endel/Engie
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Un employé d’Endel/Engie en grève, près de Poulainvil­le
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