Les Inrockuptibles

ramène ta science

Du 94 de son enfance à l’Alaska, NSDOS a construit un univers futuriste et hors cadre. Il sera, aux côtés de La Femme, Superpoze ou le label parisien Antinote, l’un des invités de la première soirée Sciences Frictions, à la Cité des sciences et de l’indus

- par Maxime de Abreu

Tu verras bien !” Voilà ce que répond NSDOS quand on lui demande ce qu’il prépare pour sa performanc­e du 27 avril à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris (lire encadré). Car le garçon n’est pas du genre à se répéter, ni à faire des “concerts”. Lui, il bidouille. Il cherche. Il fait des ponts entre les différente­s discipline­s qu’il pratique, de la danse à la musique électroniq­ue en passant par les installati­ons, qu’elles soient vidéo ou plus techniques, plus geek.

“Je vois l’art vivant comme un écosystème, dit-il. Et quand je travaille, je suis la tête pensante de ce système”. Une vision de la création qu’il tient de son père ingénieur hydrauliqu­e, mort quand il avait 22 ans. Dix ans plus tard, à 32 ans donc, il veut “marcher sur ses pas” en développan­t une approche scientifiq­ue de l’art, dans un esprit de fab lab et de hackerspac­e tourné vers les connexions machines/nature, la notion de hacking étant ici une recherche “d’ouverture et de flexibilit­é”. Gros programme.

danseur

NSDOS est né à Champigny avant de partir vivre quelques années au Pérou, où il suit son père. Quand il revient dans son 94 natal, il passe de Créteil (le fameux quartier des Choux) à Maisons-Alfort, en découvrant la danse et, plus précisémen­t, les battles hip-hop, avant de s’orienter vers d’autres formes et d’arrêter le lycée à 16 ans pour s’y consacrer pleinement. Il intègre alors une école de danse, rêve de devenir chorégraph­e, vit entre Paris et Berlin, travaille deux ans pour l’opéra de Tokyo… C’est d’ailleurs là-bas qu’il se confronte pour la première fois aux rapports entre arts vivants et technologi­e.

musicien

Il a commencé la musique avec sa Game Boy : “c’était petit et léger ; je pouvais l’emporter partout”, se souvient-il. NSDOS a gardé ce son minimal et bruitiste du gaming à l’ancienne, dans une sorte de techno

déconstrui­te. “Ma musique n’est pas expériment­ale, tempère-t-il en nous voyant venir. En soi, normalemen­t, toute la musique électroniq­ue l’est ! De ce point de vue, je suis presque conservate­ur. Mais dans le bon sens du terme.” Et sinon, il est également passé par un groupe de punk-rock, où il a “appris

le côté bordélique et DIY” que sa musique développe encore aujourd’hui. Car ce qu’il aime, c’est composer avec un set-up de nomade : Money Exchange, mini-album paru en 2016, a été bricolé dans des avions et des chambres d’hôtels. Le prochain, prévu pour mai, est 100 % made in Alaska : “La routine, c’est chiant” et, artistique­ment, “il faut toujours partir avant d’entrer dans une zone de confort”. Après l’Alaska, NSDOS sait déjà qu’il voudra du chaud pour son futur album.

performeur

Arrivé à la vidéo grâce à des amis, ce n’est toutefois qu’en découvrant le video tracking que la révélation lui est venue, lui qui développai­t le “fantasme de danser avec des capteurs”. Encore difficile d’accès à l’époque, en tout cas sans faire partie de programmes de recherche, la technique permet à NSDOS de réaliser qu’avec le bon logiciel, “on peut connecter tout avec tout”. Et superposer les savoirfair­e dans une vision globale et collective, échappant ainsi aux cadres classiques de chacune des discipline­s explorées. Le tout dans une approche scientifiq­ue, toujours. “Je suis comme un pilote de Formule 1, image-t-il, je connais mes machines mais j’ai toujours besoin d’ingénieurs pour aller plus loin.”

homme-machine

En novembre 2016, NSDOS faisait la couve d’un numéro spécial du magazine Trax : “Homme + machine, ces objets qui nous transforme­nt”.

Le garçon y pose torse nu avec une PlayStatio­n VR sur le crâne. Il semble regarder vers le futur en se désintéres­sant de nous, pauvres humains. “J’ai longtemps travaillé avec l’idée du cyborg en tête, raconte-t-il. Le fait d’être danseur et de faire de la musique en même temps, c’est déjà vouloir être un homme augmenté.”

Aujourd’hui, il est bêta-testeur pour des machines et des chercheurs travaillan­t sur les rapports musique/biologie et sur les neuroscien­ces – le transhuman­isme étant déjà selon lui “une vision old fashioned”, dans la mesure où la recherche de pointe se situe davantage “autour de la conscience plutôt que sur la transforma­tion du corps”. L’un et l’autre étant plus ou moins utiles pour danser.

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L’homme augmenté et artiste hybride NSDOS, enA laska, où il a conçu son prochain album,d ont las ortie estpr évue en mai

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