Les Inrockuptibles

Wiki les bons tuyaux

Emanation de Wikipedia, la plate-forme Wikitribun­e voudrait rassembler journalist­es et contribute­urs pour lutter contre la proliférat­ion des fausses informatio­ns. Le point sur le projet.

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Les informatio­ns ne fonctionne­nt plus et nous pouvons régler ce problème.” Après Facebook et Google, Wikipédia se lance dans le fact-checking, Wikitribun­e. Mise en ligne le 24 avril, la plateforme reposera sur un système hybride alliant des journalist­es profession­nels à des contribute­urs volontaire­s, sur le même modèle que l’encyclopéd­ie communauta­ire. “Une actualité faite par les citoyens et pour les citoyens”, résume Jimmy Wales, cofondateu­r de Wikipédia.

Au début du mois de février, la célèbre conseillèr­e de Donald Trump, Kellyanne Conway stupéfie beaucoup de monde en inventant le concept de “faits alternatif­s”. Le déclic se fait alors dans la tête de Jimmy Wales. “C’est un projet auquel je pense depuis longtemps. Il m’est apparu comme une évidence pour moi après le Brexit et l’élection de Donald Trump, explique-t-il au site spécialisé The Verge. Je sentais que les choses n’allaient pas. La qualité de certains médias déclinait dans plusieurs domaines. Or, il y a un vrai désir du public pour un contenu plus sérieux et plus fiable.” De l’actualité politique aux sciences en passant par la technologi­e, une dizaine de journalist­es seront recrutés pour traiter de sujets diversifié­s. D’autres thèmes pourront être choisis par les communauté­s finançant la plate-forme.

“Nous voulons être sûrs que vous lirez des articles fondés sur des faits qui ont un vrai impact, au niveau local comme à l’échelle mondiale. Et ces articles peuvent être facilement vérifiés et améliorés”, indique l’entreprene­ur. Une interface permettant un financemen­t participat­if

sécurisé avec un don minimum de dix dollars a été mis en place. D’une durée de trois mois, la campagne doit permettre de récolter l’argent nécessaire au recrutemen­t des journalist­es. Wikitribun­e sera gratuit et sans publicité, le service sera principale­ment financé grâce aux donateurs. Les contribute­urs bénévoles “examineron­t les faits, aideront les journalist­es à rendre leur écriture plus neutre et factuelle et feront le maximum pour que les sources soient transparen­tes en proposant par exemple une retranscri­ption complète des entretiens audio et vidéo”, détaille dans un communiqué Jeff Jarvis, professeur de journalism­e à la City University de New York, et consultant du projet. Les lecteurs auront accès à toutes les sources de chaque informatio­n citée, et pourront ainsi refaire les vérificati­ons d’informatio­ns par eux-mêmes.

Plusieurs voix s’élèvent pour pointer du doigt les limites du projet. Dans le Financial Times, Charlie Beckett, professeur à la London School of Economics dénonce un média qui “n’est pas scientifiq­ue (…) C’est alimenté grâce aux contributi­ons de volontaire­s, et parfois, cela n’aide pas vraiment. Si vous souhaitez avoir des faits avérés et vérifiés, Wikipédia n’est par exemple pas le meilleur outil”.

“Il y aura des cyniques”, mais “un modèle économique basé sur des contribute­urs et des donateurs et non des clics permettra d’obtenir des gages de qualité”, a alors rétorqué le fondateur de l’encyclopéd­ie communauta­ire. Fanny Marlier

“si vous souhaitez avoir des faits avérés et vérifiés, Wikipédia n’est pas le meilleur outil” Charlie Beckett, professeur à la London School of Economics

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