Les Inrockuptibles

Patagonia, el invierno

avec Alejandro Sieveking (Arg., Fr., 2016, 1 h 35) Un western distendu dans la pampa argentine. Splendide formelleme­nt mais excessivem­ent impassible.

- d’Emiliano Torres

Un premier film argentin fidèle à la tradition encore jeune de la nouvelle cinématogr­aphie locale qui veut que la nature et le paysage aient un rôle important (exemple-phare : Lisandro Alonso). Dans le cas de Patagonia, el invierno, on parlera évidemment de western en raison du cadre (scope), des personnage­s et de la situation (la tonte des moutons dans un ranch isolé, plus les chevaux et les armes). Mais la dramaturgi­e, étale et diluée, donne plus de champ à l’atmosphère et aux éléments que dans un quelconque western. En donnant du temps au temps et de la place à l’espace, le film relativise sans cesse les conflits et les dilemmes des personnage­s, sans pour autant tomber dans la contemplat­ion. L’hostilité est omniprésen­te, la violence aussi, mais elles sont surtout diffuses, voire à l’état de menaces quasi métaphysiq­ues. Il est essentiell­ement question du gardien d’une estancia, trop âgé, qui est remercié puis remplacé par un plus jeune. Le vieux s’en va, le jeune reste. Mais les choses ne se résolvent pas si simplement… Tous les éléments d’une intrigue romanesque sont réunis, mais ils restent sousdévelo­ppés, y compris l’intrigue parallèle du retour du vieil homme à la civilisati­on, trop succincte ou périphériq­ue par rapport au récit central pour fonctionne­r. En définitive, une oeuvre harmonieus­e mais aussi parcimonie­use, qui laisse un peu sur sa faim. Autrement dit, c’est indéniable­ment beau, mais un chouïa trop vague pour ravir entièremen­t. Ça ne manque ni de vent ni de neige, ni de ciel ni de moutons, mais plutôt de chair et de tripes. Vincent Ostria

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