Les Inrockuptibles

À pas comptés

Nacera Belaza a investi le Panthéon le temps d’un récital de danse en forme de communion entre danseurs et spectateur­s. Procession & solo(s) sont à retrouver à Marseille.

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Le dernier rayon de soleil sur le parvis du Panthéon parisien passé, un groupe d’amateurs (le Collectif 12, de Mantes-la-Jolie) franchit le portail du monument entraînant le public à sa suite. La Procession qui commence va durer de longues minutes, chacun se met alors au diapason d’une marche tout sauf conquérant­e.

Nacera Belaza, à qui le Centre des monuments nationaux a donné carte blanche, creuse ici un sillon déjà entrevu au Mucem de Marseille ou à la Biennale de danse de Venise. Une communion des interprète­s et du public pour ainsi dire. Une fois à l’intérieur, Belaza aura presque réussi l’exploit de souder une opinion attentive et silencieus­e. Il y aura bien ici ou là des chuchotis ou des écrans allumés mais l’attention restera soutenue.

Aux silhouette­s claires va alors répondre la présence discrète de Dalila Belaza qui gagne peu à peu le centre de la scène. L’Appel, solo qu’elle a chorégraph­ié et qu’elle interprète, semble tout entier tourné vers l’intérieur. Cernée par un dispositif lumineux d’une belle simplicité, la danseuse se fond dans la pénombre, frappe au coeur dans un geste répété, oscille entre tension et relâchemen­t. A sa suite, Nacera Belaza entre dans la transe : L’Infime, second solo, commence au sol, les poignets dessinant une calligraph­ie acérée. Il y aura des mouvements de tête, un corps à la renverse, toute une panoplie de gestes saisis par les lumières de Christophe Renaud.

“Comment s’ancrer dans le plus singulier de l’être pour s’ouvrir infiniment à l’autre, au monde ?”, questionne Nacera Belaza. Elle apporte un début de réponse avec cette Procession et ces solos. Et même si l’ensemble n’a pas toujours la force d’opus précédents comme Le Trait ou Le Cri, cette propositio­n in situ tient en haleine deux heures durant. Au sortir du bâtiment, on sentait les “visiteurs” comme happés. Les soeurs Belaza lui donneront une suite à Marseille dans le cadre en plein air du Théâtre de la Sucrière. Histoire de laisser respirer un peu plus leur danse. P. N.

La Procession & solo(s) conception Nacera Belaza, les 28 et 29 juin, Théâtre de la Sucrière, Festival de Marseille

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