Les Inrockuptibles

Shabazz Palaces Quazarz: Born on a Gangster Star et Quazarz vs. The Jealous Machines

Le duo revient avec deux albums de “space-opera” hip-hop. L’un est une critique de l’Amérique de Trump, l’autre de notre rapport à la technologi­e.

- Sub Pop/ Pias

Trois ans après Lese Majesty, leur brillant deuxième album, le duo hip-hop Shabazz Palaces revient avec deux disques sous le bras. Le premier, Quazarz: Born on a Gangster Star, narre l’histoire “d’un alien envoyé sur ‘Amurderca’ en tant qu’émissaire musical pour observer la planète”, dixit le livret. A Seattle, on en fait pousser de la bonne. Décidément, à bientôt 50 piges, le MC Ishmael Butler (ex-Digable Planets) et son comparse le multiinstr­umentiste Tendai Maraire ne se lassent pas de se raconter des histoires à dormir debout.

Mais derrière ce charabia futuriste comme tout droit sorti d’une planche de Métal hurlant, se cache un grand disque politique. Si les deux musiciens se sont construits une soucoupe volante, c’est pour mieux scruter depuis les étoiles l’Amérique de Trump, sa violence chronique, ses tensions raciales, son injustice endémique. Toute cette affaire nous rappelle Space Is the Place, le film afrofuturi­ste de Sun Ra. Rien d’étonnant à cela. Les Shabazz Palaces sont les héritiers directs des grands mages du hip-hop et du funk : de Parliament, Soulsonic Force et Afrika Bambaataa.

Musicaleme­nt, les deux chamans donnent dans un hip-hop vieille école et expériment­al serti de samples malins (comme le génial I Really Love You de Dee Dee Sharp, déesse soul des sixties exhumée sur Shine a Light) ; de synthés cosmiques ; de boucles jazzy (Parallax). Ici, on croit entendre OutKast en descente (Since C.A.Y.A., Fine Ass Hairdresse­r). Là, les Daft embrumés dans un nuage de beuh (Moon Whip Quäz).

Le deuxième album, Quazarz vs. The Jealous Machines sonde notre relation à la technologi­e, à l’heure où nos smartphone­s se comportent comme des fiancées ultraposse­ssives. A l’image de l’hilarant Love in the Time of Kanye ou de Julian’s Dream, titre inspiré d’une collaborat­ion avortée avec Julian “The Strokes” Casablanca­s. Faites tourner. Romain Burrel

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