Les Inrockuptibles

Lana Del Rey

Lust for Life Polydor/Universal

-

ADans son nouvel album, la diva sort de sa bulle et se confronte à la réalité. Première bataille : l’Amérique de Trump.

u coeur de Lust for Life, son nouvel album, Lana Del Rey a titré une chanson God Bless America – And All the Beautiful Women in It. Plus tôt dans la tracklist, dans les paroles (et le clip) du single-titre, en feat. avec The Weeknd, on la suit en pleine escalade du panneau Hollywood dans un mouvement clair d’empowermen­t. Un hasard après quelques mois de présidence Trump ?

Lana Del Rey a fait part, dans diverses interviews, de ses craintes vis-à-vis de la nouvelle administra­tion américaine, notamment sur la question du droit des femmes. Sur Twitter, elle s’est même amusée à relayer des tentatives de sorcelleri­e pour contrer Trump. Et plus sérieuseme­nt, elle a récemment annoncé qu’elle arrêtait d’utiliser l’imagerie du drapeau américain sur scène – une tradition depuis Born to Die, qu’elle ne trouve plus appropriée aujourd’hui. Le divorce est donc consommé entre Lana Del Rey et le pays qu’elle a souvent incarné de manière détournée, via l’imaginaire d’un “personnage lynchien” (comme on l’a souvent entendu) hanté par les mélodies du passé et quelques mythes de liberté. Il y a une sorte d’éveil.

Lust for Life commence avec le single Love, et donc ces mots : “Look at you kids with your vintage music/Coming through satellites while cruising/You’re part of the past but now you’re the future”. Lana Del Rey est de moins en moins la pin-up qu’on a pu (cru ?) connaître. Elle s’affirme en diva de son temps et, si icône il y a, c’est celle d’un héritage contre-culturel manié avec une ironie laissant place, doucement, à un ricanement plus provocateu­r.

Exit les drapeaux, exit les excès de poses. Lana Del Rey met désormais l’esthétisat­ion de son univers au profit d’une musique ayant grandi avec elle, et avec le monde autour. Lust for Life est, à ce titre, son meilleur album : celui, enfin, qui joue le jeu de la pop culture sans exclure un réel trop présent. Et si elle continue d’impression­ner avec des morceaux comme Summer Bummer (feat. A$AP Rocky et Playboi Carti) ou encore Get Free, c’est peut-être avec ses prises de position et ses engagement­s, c’est-à-dire en perçant la bulle de ce personnage avec lequel elle s’est pourtant construite, que Lana Del Rey installera un culte durable dans la mythologie américaine. Maxime de Abreu

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France