Les dédales tourmentés de l’enfance
Le Musée des merveilles (15/11) de Todd Haynes (réalisateur de I’m Not There, Carol…) porte bien son nom tant il a fait figure d’écrin de beauté cinématographique au coeur d’un Festival de Cannes pour le moins morose. En déployant sur deux époques les fugues entêtées de deux enfants sourds en quête d’étoiles (l’une recherche sa mère, star du muet dans les années 1920 ; l’autre son père, astronaute dans les années 1970), le cinéaste déploie un classicisme attentif et hypersensible pétri de correspondances secrètes.
Le film résonne curieusement avec une énième adaptation sur grand écran d’un roman de Stephen King, Ça (vol. 1, le 20/09), d’Andrés Muschietti, récit horrifique à base de clown tueur et d’enfants traumatisés, dont une première version télévisuelle a hanté les nuits de plus d’un gamin dans les années 1990. Scindée elle aussi en deux temps, cette pièce-maîtresse de l’épouvante organise une remontée souterraine des blessures enfantines vers des adultes qui croyaient les avoir enfouies profondément.
Une même circulation des affects les plus sombres magnétise You Were Never
Really Here (8/11), quatrième long métrage de la Britannique Lynne Ramsey, dans lequel Joaquin Phoenix campe l’homme de main d’un réseau de prostitution d’enfants qui décide de sauver l’une des victimes. La prestation bouillonnante et forcément électrique de l’acteur lui a valu un prix d’interprétation lors du dernier Festival de Cannes.
Enfin, Noémie Lvovsky explore sur un ton plus réaliste les joies et les tourments de Mathilde, une fillette de 9 ans vivant seule avec sa mère aux frontières de la folie, dans Demain et tous les autres jours (27/09). A. B.