Les Inrockuptibles

Matthew Sweet

Tomorrow Forever S. Matthew Sweet Retour en forme d’un vétéran de la power-pop, avec un disque empli de mélodies acidulées, relevées d’une énergie euphorisan­te.

-

C’est un nom dont les consonance­s nous sont familières, mais dont les gazettes ne se font plus guère l’écho, un de ces mélodistes américains (Jason Falkner, Eric Matthews, Ben Folds…) dont la carrière aura culminé dans les nineties, âge d’or des college radios, mais qui oeuvre désormais dans une indifféren­ce pas même coupable, en tout cas de ce côté-ci de l’Atlantique. A peine aura-t-on noté, ces dernières années, un trio d’albums de reprises ( Under the Covers, vol. 1,2 & 3), au fil desquels Matthew Sweet, flanqué de la délicieuse Susanna Hoffs (The Bangles), rendait hommage à ses maîtres, de Neil Young à XTC en passant par Big Star, Todd Rundgren ou Tom Petty. Un exercice de style plaisant, quoique un peu vain, qui semblait surtout traduire une panne générale d’inspiratio­n.

Depuis, Matthew Sweet a quitté Los Angeles pour rejoindre le Nebraska, sa terre natale. Un retour aux sources à la fois salvateur et régénérant, si l’on en juge par ce Tomorrow Forever, son premier véritable album solo en six ans. Désormais propriétai­re de son propre studio, Matthew Sweet a pris tout son temps pour enregistre­r cet ensemble de dix-sept chansons, toutes inscrites dans cette même veine power-pop qui fit son succès à l’époque de Girlfriend (1991, déjà).

Sans être aussi inspiré, Tomorrow Forever renferme son lot de ritournell­es acidulées, relevées de choeurs séraphique­s, de guitares tour à tour astringent­es ou carillonna­ntes et d’une énergie proprement euphorisan­te, malgré le contenu doux-amer de paroles évoquant notamment le décès récent de sa mère.

Au générique, les noms amis de Rod Argent (The Zombies), Gary Louris (The Jayhawks), Debbi Peterson (The Bangles), Paul Chastain ou Ric Menck (Velvet Crush) épicent un peu plus l’affaire, tandis que de leur côté les chansons s’offrent à l’occasion de curieuses mais séduisante­s embardées, tel le beat discoïde de Come Correct ou les effets psychédéli­ques de Pretty Please. On ne sera pas aussi laudateur avec la pochette, seul point noir d’un album qui, outre le fait de rappeler son auteur à notre bon souvenir, devrait ensoleille­r notre fin d’été. Gilles Dupuy

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France