Le Prix du succès de Teddy Lussi-Modeste

avec Tahar Rahim, Roschdy Zem, Maïwenn (Fr., 2016, 1 h 32) Un deuxième long qui peine à retrouver le souffle qui faisait tout le prix de Jimmy Rivière. L’échelon du deuxième long métrage est souvent plus difficile à gravir que le premier pour la jeune garde du cinéma français. Teddy Lussi-Modeste, sorti de la Fémis en 2004, n’échappe pas à la règle. Après Jimmy Rivière (2011), un premier film nacré d’une belle justesse et d’une âpreté saisissante, le voilà de retour avec Le Prix

du succès et son alléchant casting. Brahim (Tahar Rahim) y interprète un humoriste à la Jamel Debbouze en pleine ascension. Sauf que ce tropisme se fait au détriment de sa famille d’origine modeste, famille à la figure de proue incarnée par son frère (Roschdy Zem), envahissant manager dont Brahim ne parvient pas à se défaire. Comme dans son premier long métrage, lui aussi scénarisé avec Rebecca Zlotowski, un tiraillement à trois pôles se met en place. Le héros doit parvenir à choisir entre le groupe auquel il est lié, son ambition personnelle et l’amour. Le système gens du voyage/boxe/Sonia de Jimmy

Rivière est ici remplacé par le triptyque famille/stand-up/ Linda (Maïwenn). Mais malgré des interprètes convaincants (on regrettera toutefois un Tahar Rahim un peu lisse), l’allant qui habitait son premier film semble avoir ici disparu. Ne parvenant à aucun moment à faire entrer en résonance l’humour de la scène avec le tragique familial des coulisses, ce Prix du succès peine à convaincre et se révèle finalement assez convenu. Bruno Deruisseau