Les Inrockuptibles

Premiers Symptômes

DJ et producteur, le fier représenta­nt de la SCÈNE VOGUING PARISIENNE peaufine actuelleme­nt l’enregistre­ment de son premier album à New York.

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Quel est le premier geste que vous accompliss­ez au réveil ?

Je regarde mon téléphone et je repousse mon alarme. J’en ai trois. Une à 7 h 05, puis 7 h 15, puis 7 h 30.

Qu’est-ce qui vous obsède ?

Je me demande si réaliser ses rêves conduit au bonheur. Ou si cet état est une fausse idée, comme le grand amour.

Qu’est-ce que vos parents ne vous ont pas appris ?

A croire en mes rêves. Quand on vient d’une famille immigrée, fraîchemen­t arrivée en Europe, on est dans le pragmatism­e. Se demander ce qu’on aimerait faire est un luxe qu’on n’a pas. On est respectueu­x du chemin parcouru par ses parents et, au final, on travaille “pour eux”, en essayant de coller à leurs attentes.

Quel est le goût de votre enfance ?

Je n’ai pas aimé être enfant. Je préfère ma vie d’adulte. J’étais isolé, d’une famille modeste, envieux de la vie des autres. J’ai grandi dans la culture du manque.

Quelle est la couleur que vous ne porteriez jamais ?

Je ne dis jamais jamais, donc aucune. Je serais davantage gêné par une coupe ou une associatio­n.

Quel est l’endroit où vous retournez et que pourtant vous détestez ?

New York, et je suis, en vous parlant, dans un taxi qui m’y conduit (rires). Je trouve que c’est une ville chère, impolie.

Quelle scène de film connaissez-vous par coeur ?

Dans Boomerang, de Reginald Hudlin, une scène où Grace Jones engueule Eddie Murphy qui refuse ses avances. Elle est au restaurant et elle crie : “Quoi, t’es

pédé ? Tu veux pas de ma chatte ?” C’est un film totalement culte chez les Noirs parce que tout le casting est noir. On avait le droit de le regarder à la maison, qu’on ait école ou pas le lendemain.

Quel est le film/le disque/l’artiste qui vous met hors de vous ?

Rien, à part des oeuvres qui font l’apologie du sexisme, du racisme, de l’homophobie. Sinon, quand je ne comprends pas, je me dis que ce n’est pas pour moi.

Qu’est-ce qui ne vous plaît pas chez vous ?

Mes pieds.

Que faites-vous quand votre créativité est bloquée ?

Je joue à la PlayStatio­n ou je regarde des films. Il y a des techniques, sinon. Quand je suis bloqué sur l’album, j’écoute des choses qui m’inspirent mais qui n’ont rien à voir avec ce que je fais. Ça me donne des idées. Je regarde des films.

Qui avez-vous imité pour devenir vous même ?

Malheureus­ement personne. J’ai dû faire un mélange de plein de gens qui n’habitent pas en France, m’inspirer de voyages, de rencontres… Mais j’avoue que je n’aime pas ressembler aux autres. Propos recueillis par Géraldine Sarratia

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