Les Inrockuptibles

ANGUS ET JULIA STONE se retrouvent et ça sent la neige et le feu de bois

ANGUS ET JULIA STONE reviennent à leurs premières amours avec Snow, un quatrième album de pop pastorale.

- Abigaïl Aïnouz

APRÈS LES LUMIÈRES DE LA VILLE TENTACULAI­RE DE LOS ANGELES immortalis­ées sur la pochette de leur précédent Angus & Julia Stone, le frère et la soeur reviennent avec un nouvel album bien plus bohème. Tout commence au studio d’Angus, confortabl­ement niché dans un cottage d’une ferme de Byron Bay (dans l’arrière-pays de Brisbane, en Australie), où Julia, Angus et une bande de fidèles musiciens enregistre­nt en quelques semaines ce qui sera le squelette de Snow, laissant leur créativité jaillir lors de longues soirées passées à jammer devant le soleil couchant, en sirotant des bières et en contemplan­t l’horizon.

Les mois qui suivent, le duo s’isole, Julia prend les manettes de la console de l’ingénieur son, et guide son petit frère “comme sur une piste de danse, il faut savoir quand avancer, faire demi-tour, ou mener la danse”. Ils peaufinent les morceaux en parfaite symbiose : “Pour Snow, on a vraiment tout fait ensemble. Juste tous les deux en studio.”

Qui aurait cru que ces deux-là – en froid pendant quelques années passées à sortir des albums solo – se seraient un jour retombés dans les bras ? Après leur tube Big Jet Plane, qui les a propulsés sur la scène internatio­nale et leur a valu des tournées épuisantes, il aurait été bien dommage de ne plus les voir réunis, à la scène comme en studio.

Cette réconcilia­tion, on la doit en partie au prestigieu­x producteur

américain Rick Rubin (Run DMC, Beastie Boys, Johnny Cash), qui a cosigné leur précédent album paru en 2014, les confrontan­t à un registre plus groovy et électrique. Après leur folle aventure à L. A. avec ce producteur de renom, les Australien­s préfèrent ici “prendre du recul, et revenir à quelque chose de plus simple”. Avec Snow, ils signent un ouvrage familial, écrit et produit à quatre mains, et connecté avec les éléments. Plus relax que le précédent mais aussi plus rétro, le disque se cristallis­e autour d’un instrument chiné par Angus, un orgue poussiéreu­x des années 1960 : “J’ai acheté un vieil orgue, qui est devenu membre à part entière du groupe.” Quant à l’usage du spoken word (sur l’introducti­on de Make It out Alive) et de la poésie ( Baudelaire est directemen­t inspiré d’Enivrez- vous, un poème en prose

de l’auteur des Fleurs du mal), il trahit avec nonchalanc­e leurs deux âmes de hippies – ils ont été bercés depuis leur plus jeune âge par leur mélomane de père, et leur famille de navigateur­s leur a offert le goût de la liberté et des grands espaces : “Enfants, on passait beaucoup de temps en bateau. Mes grands-parents ont même fait le tour du monde en voilier.”

Et si ce disque de rentrée prolonge l’été indien et nos amours de vacances – comme Sylvester Stallone taquinant le bégaiement d’un ancien amant –, son nom de baptême glacial, Snow, remémore à ses deux auteurs les balbutieme­nts de ce quatrième disque, fantasmé sur les flancs d’une montagne suisse enneigée. Revoici donc la neige avant l’heure, comme point de départ d’un ouvrage enflammé et nous réchauffan­t le coeur en douze chansons aussi légères que sincères.

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Album Snow (Pias/Le Label)

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