Les Inrockuptibles

Pierre Kwenders

Makanda at the End of Space, The Beginning of Time Bonsound/Idol L’ultrastylé Québécois de Kinshasa fait une musique qui lui ressemble.

- Maxime de Abreu

DANS LE CLIP DE “SEXUS PLEXUS NEXUS”,

single et tube de son nouvel album (sortie le 29 septembre), Pierre Kwenders se met en scène avec un second degré assez déconcerta­nt. Sourires coquins, lunettes fumées, scooter chromé, scènes de danse au ralenti et DA inspirée des 90’s : difficile de ne pas se marrer. Sauf que derrière l’humour du clip, il y a un morceau à la structure complexe, chanté en trois ou quatre langues et dont le titre fait directemen­t référence à Henry Miller et sa trilogie. Un programme un peu costaud, donc, si on avait juste prévu de ricaner dans son coin.

Mais la magie de Pierre Kwenders se joue précisémen­t ici. Elle tient à cette façon de multiplier les registres sans se disperser, sans brouiller les pistes. Et c’est pareil sur le reste de ce deuxième album, où il passe en toute détente d’un truc electro à un autre de dub, de soul ou de rumba congolaise avant d’enchaîner sur un phrasé hip-hop ou un refrain r’n’b. Il est comme ça, Pierre Kwenders, il a cette science du crossover ancrée en lui.

Né José Louis Modabi en 1985 à Kinshasa, arrivé au Québec à l’adolescenc­e pour rejoindre sa mère (et accessoire­ment s’éloigner d’une situation politique instable), Pierre Kwenders adopte son nouveau blaze en hommage à son grand-père. Les clins d’oeil à ses origines, il aime bien. Son premier album, en 2014, est titré Le

Dernier Empereur bantou. Déjà, il multiplie les idées et les invités pour inventer une sorte d’anti-world music, ce terme à bannir une bonne fois pour toute. Pierre Kwenders a toujours fait de la pop, en fait. Mais une pop quasi expériment­ale à force de tester l’improbable, le jamais fait avant.

Ce nouvel album est toujours à écouter comme un objet pop. Produit à Seattle par Tendai “Baba” Maraire de Shabazz Palaces, il n’exclut ni les moments de complexité ni ceux de poésie, mais ne se sépare jamais de la légèreté de ton qui rend Kwenders si attachant. “Fais-moi des bisous/C’est bien qu’on s’en fout/Des câlins partout/Le monde est à nous”, chante-t-il dans Sexus Plexus Nexus.

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