LE HÉROS DE LA SEMAINE
RIP Holger Czukay : yes we Can
La fête risque d’être moins drôle sans eux. L’année prochaine, on célèbrera les 50 ans de la formation d’un groupe par ailleurs immortel : Can. Mais en 2017, deux membres fondateurs du groupe ont canné : le batteur Jaki Liebezeit en janvier, et le bassiste Holger Czukay la semaine dernière, à l’âge de 79 ans. En moins d’une décennie, cette paire rythmique teigneuse et monomaniaque a propulsé le rock dans son futur, des transes technoïdes au post-rock. Holger Czukay avait sorti son premier album en solo dès 1969,
Canaxis, ovni d’expérimentations sonores à base de chants ethniques et de boucles. Quand il quitte Can en 1977, il n’a pas l’intention de s’ennuyer. Il travaillera avec Jah Wobble, Eurythmics ou David Sylvian, Brian Eno ou U.N.K.L.E et, surtout, enregistrera sous son nom une vingtaine d’albums fantasques, qui dessinent une discographie comme un labyrinthe de fête foraine futuriste. Ancien élève du compositeur Stockhausen, Holger Czukay a, dans ses disques-collages, tout mélangé et tout trafiqué : les musiques du monde et les procédés électroniques, l’humour et les musiques sérieuses, l’intelligence et le burlesque, comme un Zappa du sampling. Multi-instrumentiste et gravement excentrique, il s’est même mis à jouer du cor, beaucoup de cor, et, avec le temps, à ressembler à Popeck. Le bassiste de Can est mort : c’est l’occasion de (re)découvrir Holger Czukay.