Les Inrockuptibles

LE HÉROS DE LA SEMAINE

- Stéphane Deschamps

RIP Holger Czukay : yes we Can

La fête risque d’être moins drôle sans eux. L’année prochaine, on célèbrera les 50 ans de la formation d’un groupe par ailleurs immortel : Can. Mais en 2017, deux membres fondateurs du groupe ont canné : le batteur Jaki Liebezeit en janvier, et le bassiste Holger Czukay la semaine dernière, à l’âge de 79 ans. En moins d’une décennie, cette paire rythmique teigneuse et monomaniaq­ue a propulsé le rock dans son futur, des transes technoïdes au post-rock. Holger Czukay avait sorti son premier album en solo dès 1969,

Canaxis, ovni d’expériment­ations sonores à base de chants ethniques et de boucles. Quand il quitte Can en 1977, il n’a pas l’intention de s’ennuyer. Il travailler­a avec Jah Wobble, Eurythmics ou David Sylvian, Brian Eno ou U.N.K.L.E et, surtout, enregistre­ra sous son nom une vingtaine d’albums fantasques, qui dessinent une discograph­ie comme un labyrinthe de fête foraine futuriste. Ancien élève du compositeu­r Stockhause­n, Holger Czukay a, dans ses disques-collages, tout mélangé et tout trafiqué : les musiques du monde et les procédés électroniq­ues, l’humour et les musiques sérieuses, l’intelligen­ce et le burlesque, comme un Zappa du sampling. Multi-instrument­iste et gravement excentriqu­e, il s’est même mis à jouer du cor, beaucoup de cor, et, avec le temps, à ressembler à Popeck. Le bassiste de Can est mort : c’est l’occasion de (re)découvrir Holger Czukay.

 ??  ?? Le bassiste de Can en 1983
Le bassiste de Can en 1983

Newspapers in French

Newspapers from France