Exception française
Plutôt que de se plaindre éternellement du niveau des séries françaises en mode “on n’y arrivera jamais”, certains essaient de comprendre quel système nous a menés là et quels espoirs sont permis. C’est le cas de Pierre Ziemniak. Son livre plutôt ironiquement titré Exception française scanne soixante ans d’histoires des séries en France, principalement côté coulisses (choix politiques des chaînes, philosophie de production, tendances lourdes, etc.), ce qui en fait un genre de manuel pertinent à l’usage de tous les acteurs du domaine ou des simples observateurs plus ou moins perplexes. En plus d’expliquer comment l’importance du cinéma a globalement empêché de prendre la télé hexagonale au sérieux, tout en perpétuant par exemple la culture peu contemporaine des épisodes de 90 minutes, Ziemniak pointe du doigt des tares structurelles, avec notamment ce chiffre fou : en France, seuls 3 % du budget d’une série sont consacrés à l’écriture, contre environ 10 % aux Etats-Unis ! Nombreux exemples à l’appui, Exception française entreprend une plongée assez inédite à cette échelle dans le monde merveilleux des séries françaises, de Plus belle la vie au Bureau des légendes. Tout en notant des progrès à la fois esthétiques et industriels, l’auteur propose cette conclusion sévère mais juste : “Si le pessimisme absolu n’est pas de rigueur, l’audiovisuel français doit se ressaisir s’il veut rattraper ses voisins européens.”
Exception française – De Vidocq au Bureau des légendes : 60 ans de séries de Pierre Ziemniak (Ed. Vendémiaire) 216 pages, 20 €