Les Inrockuptibles

Nouvelle Tête

Repéré à 18 ans lors d’un casting sauvage, il est époustoufl­ant dans L’Atelier, le dernier film de Laurent Cantet.

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ALORS QU’IL TRAÎNE DEVANT SON LYCÉE DE LA CIOTAT, MATTHIEU RENCONTRE UNE FEMME CHARGÉE du casting d’un film qui se tournera dans la région. “Je me suis dit que c’était pour moi. C’était un moment compliqué dans ma vie sentimenta­le, j’avais aussi besoin de me prouver quelque chose.” Sélectionn­é pour un essai, il se lance dans sa première improvisat­ion : “J’avais vu Fight Club la veille et je me suis mis dans le même état d’esprit de révolte, sans savoir que ça correspond­ait assez au personnage d’Antoine.”

Sa performanc­e plaît à Laurent Cantet ( Entre les murs), qui reconnaît dans les traits durs et le regard doux de Matthieu le personnage principal de son nouveau film, L’Atelier. Le jeune homme, alors âgé de 18 ans, est pris dans les premiers jours de tournage du syndrome de l’imposteur. Au fil des échanges avec le réalisateu­r, il se sentira plus à l’aise, au point de déclarer : “Derrière la caméra, il n’y a personne pour moi. Si mes partenaire­s sont convaincan­ts, j’oublie tout quand je joue. Pour la première fois, je me suis senti à ma place.” S’enchaîne son premier Festival de Cannes, où le film est sélectionn­é : “Mon souvenir le plus marquant, c’est lors de la soirée du 70e anniversai­re du festival.

J’arrive avec la cravate défaite et je ne sais pas comment la remettre. Apparaît alors Catherine Deneuve, qui me refait mon noeud. J’ai failli tomber dans les pommes !” S’il connaît l’actrice, c’est parce que sa mère adorait Les Demoiselle­s de Rochefort. Matthieu, lui, aime

les films de gangsters, comme Il était une fois en Amérique ou Un prophète, mais moins Dheepan (Palme d’or 2015) : “Avec ce film, je me suis dit que Cannes n’avait pas toujours raison.”

Avant le casting qui l’a révélé, Matthieu envisageai­t une formation de technicien du cinéma. Le bac en poche, il a déménagé à Paris. Il enchaîne les castings et les courts métrages, mais ne désire pas prendre de cours d’acteur. Trop timide pour le théâtre, il préfère construire une relation avec un metteur en scène ayant une méthode particuliè­re plutôt que de maîtriser des techniques d’acting. Gageons que nous retrouvero­ns vite au cinéma son subtil mélange d’aisance naturelle et de sensibilit­é à fleur de peau. Bruno Deruisseau Photo Christophe Boulze pour Les Inrockupti­bles

L’Atelier de Laurent Cantet, en salle

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