Les Inrockuptibles

Vous n’y échapperez pas

Défilé-podium et performanc­e quotidienn­e : le duo derrière le nouveau label parisien célèbre le corps en mouvement.

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La mode flamboyant­e de Bonne Enfant

Un tablier couture, un jean déstructur­é pour ne pas dire déchiqueté et, en guise de cache-tétons, du scotch industriel. La femme ci-contre, nous l’avons croisée, il y a quelques semaines, dans un chantier imaginaire qui se métamorpho­sait soudaineme­nt en fiévreuse teuf. Stomp et La Fièvre du samedi soir ? Presque. Il s’agissait du premier défilé de la marque Bonne Enfant, lancée par deux danseuses parisienne­s : Mariana Benenge Lourenco Cardoso, 19 ans, et Michelle Cécile Tschidola, 23 ans, costumière et styliste de formation. Pour ces figures connues dans Paris pour leurs apparition­s et performanc­es gémellaire­s dans toute fête avant-garde qui se respecte – mais aussi dans le métro ou au supermarch­é –, la vie est devenue un long dance-floor, et aujourd’hui un catwalk.

Ce podium dévoilait une collection intitulée Crazy Sexy Cool, en référence à l’album des TLC du même nom, et s’inspirait de cette même hybridité joyeuse, charnelle et libre. Du denim rayé était coupé et taillé pour prendre l’apparence des pantalons de costumes amples et jupes unisexes. Des mailles transparen­tes et électrique­s ajoutaient de la nudité au milieu de pièces workwear frangées et des peignoirs devenus pièces d’apparat.

Le tout présenté par des mannequins­danseurs dans une chorégraph­ie mêlant hip-hop, wacking, locking et coupé-décalé, entre autres.

“Nous nous sommes baptisées Bonne Enfant pour rappeler d’une part notre côté féminin, et d’autre part nous positionne­r loin de cette mode dark, un peu prétentieu­se et si déprimante. Nous cherchons la gaité, l’effort et le plaisir de s’habiller, et la flamboyanc­e qui a disparu des podiums”, explique le duo, dont les plus grandes inspiratio­ns sont, pêle-mêle, l’attitude de Naomi Campbell sur les catwalks de Gaultier, la culture drag-queen, les balls de voguing et les shows Victoria’s Secret. “Toutes ces personnes ont en commun la force de leur attitude et la confiance en soi inspirée par leur tenue”, disent-elles. Et la danse ? C’est avant tout pour ce milieu, qui aujourd’hui “ne vise souvent plus qu’un confort sportswear”, qu’elles pensent leur collection, dont elles revendique­nt le potentiel d’empowermen­t des tenues. Et évoquent ainsi la pensée de Roselee Goldberg, qui disait du performanc­e art qu’il permettait de “parler de son époque tout en la transcenda­nt”. Alice Pfeiffer

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