Les Inrockuptibles

Premiers Symptômes

Il aime les dorures, les apéros, Felice Varini mais a en revanche beaucoup de mal avec Michel Fugain. Ce décorateur, architecte et designer vient de signer la première boutique de la marque Maison Standards.

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On ausculte Mathias Kiss

Quel est le premier geste que vous faites au réveil ? Je saute dans la douche. Qu’est-ce qui vous obsède ?

Le travail. Continuer à expériment­er, à faire de nouveaux projets et de nouvelles rencontres. Je déteste les vacances. Qu’est-ce que vos parents ne vous ont pas appris ?

A vivre normalemen­t. Mon père était inventeur, ma mère était encadreuse d’art. J’ai été placé en pension à partir du CM2, après je suis parti pour devenir peintre en bâtiment. Donc, en fait, mes parents ne m’ont pas appris grand-chose. Quel est le goût de votre enfance ? Le mauvais goût. Quelle est la couleur que vous ne porteriez jamais ?

Tout est beau, ça dépend où et comment. Je me bats justement pour casser les clichés : la dorure peut être à la fois tape-à-l’oeil et minimale. Même un violet avec des points verts, ça peut être super. Quel est l’endroit où vous retournez et que pourtant vous détestez ?

Chez moi. Je passe mes journées au bureau ou au café. Je vis mal le vendredi soir, je me dis “Vivement lundi”. J’adore être dans mon atelier. Quelle scène de film connaissez-vous par coeur ?

Celle dans Le Bon, la Brute et le Truand, quand Blondin part à cheval et que Tuco le traite de fils de pute (la vraie réplique est “Tu es le plus gros dégueulass­e que la Terre ait jamais porté !” – ndlr). Quel est le film/le disque/l’artiste qui vous met hors de vous ?

Michel Fugain. C’est physique, je ne sais pas pourquoi. Je le trouve trop bronzé, trop botoxé. Mais je dis ça avec beaucoup de sympathie.

Qu’est-ce qui ne vous plaît pas chez vous ?

Mon passé. Je pourrais faire la liste des traits de caractère qui ne me plaisent pas chez moi, mais ce qui est bien avec le fait de vieillir, c’est que tu les assumes avec le temps et tu essaies de les transforme­r en choses constructi­ves. Le passé, tu ne peux pas le changer. Que faites-vous quand votre créativité est bloquée ?

Je bois beaucoup d’alcool. Quand elle n’est pas bloquée, je bois aussi beaucoup d’alcool. C’est le corps qui demande.

Qui avez-vous imité pour devenir vous-même ?

Dans ma profession, je n’ai pas de père. Je souffre du fait que mon métier est très difficile à définir : je ne suis pas vraiment designer, pas vraiment décorateur, pas vraiment artiste. Je suis toujours trop décoration pour l’art contempora­in, trop avant-gardiste pour la décoration… Mais je suis fan du travail de Felice Varini, qui fait des anamorphos­es en peinture. Comme je viens de la peinture en bâtiment, je me suis dit : “Waouh, on peut être artiste juste en peignant des murs, et pas forcément en étant aux Beaux-Arts ou dans une galerie.” Propos recueillis par Fleur Burlet

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