Les Inrockuptibles

Passage en seconde

LES GRANDS, la série ado d’OCS, confirme son originalit­é dans une deuxième saison plus dure et émouvante que la première. A découvrir.

- Les Grands Saison 2, le jeudi, 20 h 40, OCS Max (en replay sur OCS Go)

QUAND, IL Y A UN AN, “LES GRANDS” EST ARRIVÉE DANS LE PAYSAGE encore largement en friche de la série française, l’existence même d’une série teen hexagonale relevait de l’exploit, les exemples historique­s se comptant sur les doigts d’une main. Les références télé des créateurs, Joris Morio et Benjamin Parent, du réalisateu­r Vianney Lebasque et du coscénaris­te Victor Rodenbach se conjuguaie­nt d’abord en anglais, du côté de Freaks and Geeks et Skins, par exemple. Seul un film comme

Les Beaux Gosses, noyé au milieu d’Elephant et autre Breakfast Club, laissait pénétrer une couleur locale dans ce faisceau d’influences anglo-saxonnes. L’essai, plutôt réussi dans sa rieuse mélancolie, demandait à être transformé en deuxième saison. Toujours une gageure.

La bonne nouvelle ? Avec ces dix nouveaux épisodes des Grands, la question de la crédibilit­é d’un récit ado au long cours et celle de la béquille des références ne se posent plus. Avril (Pauline Serieys), Boogie (Grégoire Montana), Ilyes (Sami Outalbali), Kenza (Romane Lucas), Enzo (Paul Scarfoglio), MJ (Adèle Wismes) et les autres, profs et parents, tournoient comme des personnage­s de chair et de sang. Après le collège, cette nouvelle saison

se passe au lycée. Les kids entrent en seconde et les problèmes s’épaississe­nt. L’art de mettre en scène des premières fois ne suffit plus, les enjeux gagnent en profondeur et la série ne les évite pas.

Faire face à une grossesse nondésirée, affirmer son orientatio­n

sexuelle, goûter au danger de l’interdit, mais, aussi, ravaler sa douleur devant la cruauté bergmanien­ne de l’amour : tous ces enjeux traversent Les Grands. La mise en scène atmosphéri­que et la direction d’acteur très fine de Vianney Lebasque leur donnent une grâce certaine. Un spleen juste un peu trop clinquant par moments, car il manque toujours à la série une vraie fureur adolescent­e dans sa fabricatio­n, une écriture moins dans les clous, une direction artistique moins léchée. Et si on laissait un peu plus entrer le désordre ? Une question de dosage sans doute. Le splendide épisode 5, tout en douleurs rentrées et petites victoires sur la platitude du réel, ainsi que le final joliment symphoniqu­e de la saison montrent que

Les Grands peut viser encore plus haut. Kenza, la plus touchante de ses héroïnes, le dit assez bien au garçon qui la poursuit : “T’es pas si con que ça, en fait.” O. J.

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