Les Inrockuptibles

Not my president

- Olivier Joyard

“Make America gay again.” En terminant le premier épisode de son retour (après onze ans d’absence !) avec cette punchline adressée au président US, Will and

Grace, sur ABC, a fait plus que contenter les fans de son humour queer attachés à des personnage­s (une décoratric­e d’intérieur et ses meilleurs amis homos), désormais quadras, qui se prennent en pleine figure l’existence de l’ogre de Washington. Après Black-ish l’an dernier et sa vue en coupe de l’expérience noire, la comédie de Max Mutchnick et David Kohan a remis sur la table la dimension politique d’un genre, la sitcom, dont le potentiel d’interventi­on sur les sujets majeurs de l’époque avait fini par être sous-estimé. Considérée comme trop grand public pour être honnête, cette survivance des temps anciens d’Hollywood (la sitcom est aussi vieille que la télé) a pourtant souvent fait preuve d’un progressis­me novateur – du

Mary Tyler Moore Show à Roseanne. Mais l’état pitoyable des séries actuelles des networks (grandes chaînes populaires) a fini par brouiller le message et associer les rires enregistré­s à une défaite de la pensée. Miracle, cette rentrée offre, en plus de Will and Grace, une autre bonne raison de rire en mode contempora­in et mainstream : l’originale The Mayor, sur NBC, raconte comment un jeune rappeur noir se retrouve à diriger une petite ville, suite à un malentendu qui devrait finir par se dissiper. Ici, le clin d’oeil énervé en direction de la Maison Blanche est oblique : l’existence même de ce personnage improbable est une démonstrat­ion de liberté, une autre possibilit­é en actes. The Mayor fait comme si Trump n’existait pas. La résistance passive est en marche. Elle est même télévisée.

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