Tour de force
A Lille, deux expos proposent un très vaste panorama de la performance artistique.
Si la performance ne peut tenir en une seule exposition, la double manifestation lilloise, à la gare Saint-Sauveur et au Tripostal, organisée dans le cadre des 40 ans du Centre Pompidou, en livre un cadre exaltant. Marcella Lista et Bernard Blistène, commissaires de Performance !, ont rassemblé des pièces majeures qui rappelent que des générations d’artistes issues de pratiques multiples ont pris leur corps comme objet d’exploration et placé “au coeur de l’oeuvre l’expérience du spectateur”. Comme le suggère l’accrochage au Tripostal, la performance est entrée au musée par le biais de la vidéo. Filmées, les performances sont aussi l’objet du film, comme dans
Present, Continuous, Past(s) (Dan Graham, 1974) où le spectateur fait l’expérience de son image décalée dans le temps, grâce à un dispositif de miroirs et d’écrans de télé. Cet éloge du déplacement traverse les oeuvres exposées, dont celle qui inaugure le parcours,
Walk the Chair de La Ribot, qui a mis cinquante chaises pliantes à disposition du public, devant un mur de citations sur le mouvement. Si certaines oeuvres (Vito Acconci, Lili Reynaud Dewar, Bruce Nauman, Jérôme Bel, Brice Dellsperger…) sont traversées par cette même notion, d’autres (Christian Marclay, Saâdane Afif, Doug Aitken, Stan Douglas, Robert Filliou, Mike Kelley, Guy de Cointet, Pierre Huyghe…) ont le son pour enjeux. A la gare Saint-Sauveur, le visiteur découvre des oeuvres travaillées par l’idée du jeu (Ed Atkins, Neïl Beloufa, Cameron Jamie, Raphaël Zarka, Pipilotti Rist…). A Lille, les multiples facettes de la performance artistique trouvent l’écrin brillant de leur épopée.