Les Inrockuptibles

Dystopie plate

Malgré un concept vertigineu­x, Transferts, la série d’anticipati­on d’Arte, peine à convaincre.

- Alexandre Büyükodaba­s

Dans un futur proche, Florian, père de famille sans histoire, se réveille après un long coma dans le corps de Sylvain, capitaine de police en état de mort cérébrale. Pendant son absence, une entreprise a trouvé le moyen de transférer l’esprit humain d’un corps à un autre… Après Trepalium, la chaîne francoalle­mande poursuit son exploratio­n

low budget de la série d’anticipati­on à tendance dystopique (remise au goût du jour par l’excellente Black

Mirror). Ici, la dérive eugéniste se substitue au cauchemar social, mais le soubasseme­nt théorique de l’édifice reste le même : s’emparer d’un questionne­ment humain ou scientifiq­ue actuel et en grossir les traits à l’excès afin de faire dialoguer la (science-)fiction avec les inquiétude­s du présent. En l’espèce, on apprend rapidement que si ce pas vers l’immortalit­é a d’abord été célébré, les dérives du procédé ont conduit les autorités à en interdire l’usage et à traquer les “transférés”, jugés dangereux, plaçant la société dans un état de tension maximale. Mais si l’argument transhuman­iste de départ est excitant, les six épisodes de Transferts souffrent d’une mise en scène terne, de dialogues poussifs et d’un jeu d’acteurs pas toujours convaincan­t, comme si la série n’était pas parvenue à se doter d’un corps à la hauteur de son concept. Les résonances avec l’actualité, entre embrasemen­ts religieux et violences policières, sont quant à elles soulignées avec insistance, au point de perdre le charme et l’efficacité de la parabole.

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Transferts (6 × 52 min), les jeudis 16 et 23 novembre, 20 h 55, Arte

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