TRAVIS SCOTT & QUAVO Du trap pour monde à la dérive
Huncho Jack, Jack Huncho Capitol
Un trip nihiliste où la trap music est le son d’un monde qui court à sa perte.
LE TEMPS VIENDRA PEUT-ÊTRE où les gosses se réuniront devant la Pink Trap House de 2 Chainz, à Atlanta, comme on vient à Graceland chanter Love Me Tender. L’expression trap music ne sera plus qu’un slogan sur un T-shirt, comme ces “rock’n’roll !” scandés un soir de décembre à Marnes-la-Coquette, et une bande de kids encore plus codéinés, connectés et affectés par une époque qui s’annonce aussi dérangée que le dernier post Instagram de Lil Peep avant sa mort, aura tout foutu en l’air en inventant de nouveaux codes.
En attendant ce jour, Quavo, plus grosse force de frappe de l’écurie Migos et figure de cette insurrection qui vient, continue de marcher sur les années 2010. Aux côtés de Travis Scott sur Huncho Jack,
Jack Huncho, split halluciné réunissant les deux petites stars du sud des EtatsUnis, il ingurgite et recrache, sous la forme la plus hybride qui soit, plus de cinquante ans de contre-culture US.
En résulte un trip narcotique et nihiliste en forme d’errance décharnée, dans un monde sans plus aucune valeur. Les deux rappeurs parlent ainsi, sur un disque qui aurait pu s’intituler “Fear and Loathing in the UAE”, de pills, de Xanax, de MDMA et de la crainte paranoïaque de se faire prendre en train de fumer de la weed à Dubaï.
Une référence directe à Hunter S. Thompson pas complètement vaine puisque Huncho et Cactus Jack (l’autre nom de Travis Scott) sont allés chercher pour dessiner l’artwork de leur pochette, l’illustrateur britannique Ralph Steadman. Fidèle compagnon de route de Thompson, Steadman a su retranscrire en images toute la schizophrénie de la société américaine que le journaliste junkie pointait du doigt.
Une façon pour le dessinateur d’immortaliser les dernières icônes de son temps et pour le monde d’accueillir ses nouveaux prophètes. Huncho Jack, Jack
Huncho est le cheval de Troie qui annonce l’arrivée en grande pompe de Culture II.