Vaporwave not dead
Il y a quelques années, on a assisté à l’apparition d’un mouvement un peu bizarre, la vaporwave. Sa véritable date de naissance reste un peu floue puisque tous ses représentants ont balancé leurs oeuvres une à une dans l’océan digital, et que l’on peut s’y perdre. Parmi eux, on trouve Oneohtrix Point Never, l’un des compositeurs les plus en vue de la scène electro contemporaine. Sur l’une de ses premières cassettes, Chuck Person’s
Eccojams Vol. 1, on recense surtout des bouts de morceaux des années 1980, ralentis et répétés de manière quasi interminable. Certains ne voient là qu’une vaste blague, d’autres crient au génie. Le musicien lui-même semble ne pas trop savoir ce qu’il en pense. Pourtant, beaucoup suivront. Les samples des années 1980 finissent par hanter les sites de téléchargement et les hébergeurs de vidéos. Apparaît le chef-d’oeuvre incontesté du genre : Floral Shoppe de Macintosh Plus. Funk au tempo ralenti, basses rondelettes, ambiance vaporeuse… Esthétiquement, l’album lance un style, que les internautes se plairont à appeler “aesthetic”. Les artistes vaporwave ont un amour sans nuance pour les sculptures antiques, la couleur rose, les photos déformées, et sont imprégnés de références japonaises et mercantiles – certains y ont d’ailleurs vu une critique du capitalisme. Beaucoup de ces artistes restent méconnus, mais comptabilisent des millions de vues sur YouTube (Blank Banshee et Saint Pepsi, par exemple). C’est sans doute une particularité du mouvement : la vaporwave s’écoute d’une oreille détendue et s’oublie vite. Il n’en a pas fallu plus pour annoncer sa mort rapide. Mais, du rap contemporain à Mac DeMarco ou la bedroom pop, des éléments issus de la vaporwave se retrouvent partout en 2018. Et on ne compte plus les nombreux sous-genres très en vogue comme le future funk ou la vaportrap.