Jérôme Lambert

Chambre simple

L’Iconoclaste, 200 p., 17 €

Un patient raconte l’hôpital, ses jours comme ses nuits.

La chambre décrite ici est celle d’un hôpital où survit un homme jeune, foudroyé par une crise d’épilepsie et qui s’identifie à la première personne comme

“Le Patient”. Cette simple chambre est compliquée, hantée par les fantômes du souvenir et les spectres d’un avenir hypothétique. C’est aussi une chambre habitée par des silhouettes tangibles, qui ne font que passer : l’amant Roman, l’infirmière Ellia, l’infirmier Maxime, ou un compagnon de clopes interdites. Le Patient leur donne de la consistance et de la voix, même si c’est son brouhaha intérieur qui domine, le faisant sombrer et surnager. Jérôme Lambert est implacable de justesse dans la description de cet inframonde où l’infantilisation le dispute à la grande humanité. “L’hôpital, c’est les abysses et le silence. C’est la perte de soi et s’y réveiller, c’est être seul, ignorant où on est et se mordre les joues quand on se souvient.” Bien loin du chantage au vécu, Chambre simple entraîne dans une fiction d’existence qui a tout de la vie. L’auteur a du style, fait d’insistances quand un seul mot ne suffit pas, de réitérations qui ne sont pas des répétitions. Un ressassement en osmose avec les ruminations de l’hôpital où les jours ressemblent aux nuits, au point de se confondre.