Hardis artistes
Autour du thème “L’imagination au pouvoir”, La Nuit des idées renoue avec les utopies.
Si l’on devait s’interroger sur le sens de la célébration de Mai 68, réactiver son célèbre slogan, “L’imagination au pouvoir”, devrait suffire. C’est à cette volonté de relance des utopies, sous des formes politiques et artistiques, que s’adosse la troisième édition de La Nuit des idées, initiée par l’Institut français, dans plus de 100 villes et 70 pays. Au coeur de ce dispositif, la création artistique trouvera une place de choix, comme le signe de la puissance de l’art à articuler avec le monde de la pensée une discussion féconde sur notre condition politique. A Paris, à l’Institut national de l’histoire de l’art (Inha), des historiens, plasticiens et écrivains (Patrick Boucheron, Philippe Artières, Arno Gisinger…) s’interrogeront sur le pouvoir des images, leurs effets politiques et leur impact sur nos imaginaires. Du côté du Forum des images, l’écrivain Camille de Toledo se demandera comment les fictions hollywoodiennes s’entrelacent à nos vies pour dessiner ce qu’il appelle des “habitations fictionnelles”. Au Palais de Tokyo, des philosophes se pencheront sur nos nouveaux totems et tabous. A l’université Paris-Nanterre, lieu abritant en 1968 un vrai laboratoire de création (collages, pochoirs, tags), la jeune génération du street art français réinterprétera des oeuvres célèbres. A Rennes, la capacité des artistes d’agir sur le réel par des gestes radicaux sera discutée. A Lyon, des artistes afghans, Kabir Mokamel et Omaid Sharifi, qui recouvrent les murs de Kaboul de leurs dessins, proposeront, avec le street artist et graphiste Cart’1, de peindre une fresque collaborative sur le thème des réfugiés climatiques. Cette troisième Nuit des idées donnera ainsi raison à Kant lorsqu’il écrivait : “La nuit est sublime, le jour est beau.”