Les Inrockuptibles

L’Etat, c’est pas moi

- F. A.

Inspiré de L’Ame humaine sous le socialisme d’Oscar Wilde, un kaléidosco­pe d’images et de réflexions pour un programme utopique et pertinent. L’émotion de la beauté, voilà où siègent l’essence de l’art et la clé de l’émancipati­on individuel­le : “La connaissan­ce du beau ne s’enseigne pas, elle doit être révélée.” C’est par cette affirmatio­n que s’ouvre le captivant spectacle imaginé par un duo d’acteurs et un musicien – Séverine Astel, Geoffroy Rondeau et Gérald Kurdian – en prenant appui sur l’essai d’Oscar Wilde : L’Ame humaine sous le socialisme.

Un spectacle qui s’arrime à tous les attributs dont le théâtre est le maître : création d’images, jeu d’acteur, prégnance du texte et présence musicale. Les boîtes à images s’encastrent sur le plateau – niche, Frigidaire, caverne de Platon – comme autant d’aires de jeu pour les acteurs dont les images filmées sont projetées sur des écrans, mêlées à un pot-pourri de visions féeriques, naturelles ou extraites de jeux vidéo. L’utopie d’Oscar Wilde, qui pourfend la propriété privée et le capitalism­e tout en mettant en garde contre un socialisme despotique, sert à la fois de fil conducteur et de support au programme de l’écrivain : “L’Etat fera ce qui est utile. L’individu ce qui est beau.” Et les machines ce qui est pénible. Quel visionnair­e tout de même ! Le trio sur scène s’en donne à coeur joie pour créer une hétérotopi­e foucaldien­ne colorée et fantasque et l’on en ressort prêts à suivre ce précepte aussi précieux qu’imparable : “Soyez vous-mêmes, les autres sont déjà pris.”

L’Ame humaine sous le socialisme, d’après Oscar Wilde, sur une propositio­n de Geoffroy Rondeau, jusqu’au 23 février, La Criée, Marseille

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