Les Inrockuptibles

KENDRICK LAMAR

à Paris (AccorHotel­s Arena), le 25 février

- Brice Miclet

Oubliez les grandes mises en scène que Kendrick Lamar a offertes ces dernières années aux Grammy Awards. Ce 25 février, il s’agissait d’un face-à-face avec quelque 20 000 personnes à l’AccorHotel­s Arena. Le rappeur, drapé dans un tangzhuang blanc stylisé, s’inscrit d’emblée dans l’imagerie asiatique qu’il développe avec son alias, Kung Fu Kenny. Puisque c’est l’album DAMN. qu’il défend ce soir, attaquant avec DNA. Les cinématiqu­es sont folles : il se bat dans un faux jeu vidéo type Tekken, s’initie aux paroles d’un maître shaolin… Il n’y a que pour les titres plus politiques que cette imagerie est gommée. La scène se met aux couleurs des sirènes de police sur les chansons de To Pimp a Butterfly, rappelant que l’on est face à l’un des artistes qui a le plus embrassé le mouvement Black Lives Matter. De bout en bout, Kendrick Lamar est apparu seul. Aucun invité, aucun backeur, aucun choriste… Moment de folie : le rappeur demande à la fosse de former des mosh pits, puis balance l’hymne Humble. pour faire partir le tout en pogo. Le rappeur livre là une tournée moins frontaleme­nt engagée que celle qu’il a pu mener à la sortie de To Pimp a Butterfly. Après une heure quarante de concert, Kendrick Lamar le prêcheur se retire, triomphant, sans avoir quitté sa tenue de messie, laissant derrière lui une salle retournée. Une intensité impression­nante alliée à une simplicité désarmante. C’est un peu ça le rap, en même temps.

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