Les Inrockuptibles

Simon Mayer

Ce danseur et chorégraph­e se met à nu (au propre et au figuré) dans sa relecture des danses traditionn­elles de son Autriche natale.

- Philippe Noisette

ON L’IMAGINE TRÈS BIEN ENFANT EN CULOTTE DE PEAU exécutant les pas du folklore de sa région, quelque part sur les montagnes autrichien­nes. Tapes sur les cuisses, rondes en tout genre et autres gestuelles un rien hors du temps. Des années plus tard, Simon Mayer en fera l’essence même du solo SunBengSit­ting (avec comme seuls accessoire­s une tronçonneu­se et un tronc d’arbre), puis du quatuor Sons of Sissy. Abordant la danse, Mayer aura pratiqué à sa façon le grand écart en étudiant à l’Ecole du ballet de l’Opéra national de Vienne puis, dans un registre plus contempora­in, à P.A.R.T.S., le cursus imaginé par Anne Teresa De Keersmaeke­r à Bruxelles. Découvert dans The Song un chef-d’oeuvre de la chorégraph­e flamande, Simon Mayer y montrait l’étendue de son talent.

A son tableau de chasse on compte Wim Vandekeybu­s ou le groupe Zita Swoon. Simon Mayer est lui aussi musicien : il a fait partie du groupe de heavy metal COP et fondé son propre ensemble, Band Rising Halfmoon. Dans ses chorégraph­ies, il prend la tangente, plongeant ses souvenirs dans un bain de modernité. Va pour les danses traditionn­elles et les chants yodlés mais mâtinés d’electro et de nudité. Sons of Sissy a déjà fait le tour de l’Europe depuis sa création en 2015, ne laissant personne indifféren­t y compris les habitants de son village. L’Autrichien n’est pas le seul à puiser son inspiratio­n dans des sources vernaculai­res. On citera les noms d’aînés comme Gisèle Vienne ou Alessandro Sciaronni qui ont donné dans le style schullplat­er – ces danses bavaroises répétitive­s et sonores. Mais Simon Mayer fait de ses danses de couples une étude de genre en osant le pas de deux au masculin, la fuite en avant et le finale à poil. Quant au titre, on pourra le lire comme une ode à la fameuse impératric­e ou un pied de nez à sa traduction : “sissy” signifiant “chochotte”. Simon Mayer s’en amuse, lui qui n’aime rien tant que semer le trouble.

Sons of Sissy Du 28 au 30 mars, Centre Pompidou, Paris IVe

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