Les Inrockuptibles

Nouvelle Tête

Trash et classe, l’humour de cette jeune stand-uppeuse mêle l’intime et le social avec un joyeux sens de l’absurde.

- Maxime de Abreu

“MES PARENTS N’ONT PAS VU CE SPECTACLE ET

JE NE VEUX PAS QU’ILS LE VOIENT.” Tania Dutel est très claire là-dessus et on peut la comprendre. Sur scène, elle parle de ses règles, de son cul et de ses coucheries sans aucun filtre, dans la pure tradition du stand-up introspect­if. Elle le fait toutefois avec élégance et, surtout, en élargissan­t le propos à ce que signifient ces choses dans son parcours : sexisme, grossophob­ie et désordres amoureux, notamment. Elle parle de tout ça avec un sourire franc et une douceur étrange, en accentuant la fin de ses phrases par le haut. Elle passe du coq à l’âne en permanence. L’absurdité de toute chose n’est jamais loin dans les situations qu’elle décrit.

Evidemment fan d’Amy Schumer et de Sarah Silverman, Tania Dutel travaille sur elle-même pour pousser le public au plus près de ses propres retranchem­ents. “La première fois que j’ai parlé de boulimie sur scène, j’ai cru que j’allais m’effondrer en larmes, raconte-t-elle. Ça a été très dur mais je trouve ça important de le faire, car beaucoup de meufs connaissen­t ça.” Derrière l’absurdité, il y a donc l’idée que l’humour n’est pas que de l’humour, et qu’il peut avoir un rôle psychologi­que autant que social. Elle poursuit : “J’ai toujours été la fille un peu drôle de la classe. Je pense que c’était un mécanisme pour me faire apprécier vu que le reste du temps, j’en prenais plein la gueule. C’est un schéma qu’on retrouve souvent chez les gens qui font de l’humour.”

Tania Dutel vient de Villefranc­he-sur-Saône. Arrivée à Paris à 19 ans, elle suit un BTS audiovisue­l tout en se produisant rapidement sur les scènes ouvertes de la capitale. Elle enchaîne avec un job alimentair­e qu’elle finira par quitter pour se consacrer pleinement à la scène, son souhait depuis toujours. En 2016, elle écrit le spectacle avec lequel elle tourne toujours actuelleme­nt – même si elle le réécrit sans arrêt et que tout a changé depuis. Mais le mot d’ordre reste le même : “Les femmes sont moins drôles que les hommes. Ça a été prouvé scientifiq­uement… par des hommes.”

Stand-up Les 18 et 25 avril à Paris (Nouvelle Seine), reprise en septembre. A suivre sur les réseaux sociaux

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