Les Inrockuptibles

Alexis Taylor

Beautiful Thing Domino/Sony

- Noémie Lecoq

Pour la première fois épaulé par un producteur, le chanteur d’Hot Chip enchante.

IL FAUT VOIR AVEC QUEL ENTHOUSIAS­ME Alexis Taylor nous fait écouter les dernières découverte­s sonores qu’il a emmagasiné­es dans son téléphone pour mesurer sa boulimie musicale. Impossible de réduire le chanteur d’Hot Chip à une caricature de geek : il assume sa passion pour le matériel d’enregistre­ment, pour ses DJ-sets qu’il prépare soigneusem­ent et, plus globalemen­t, pour toute l’histoire de la musique, tout en l’extérioris­ant avec une exaltation contagieus­e. Quiconque a déjà vu Hot Chip sur scène sait qu’il ne faut pas se fier à son allure placide et à son look convention­nel. Sur scène ou en studio, le groupe qu’il a cofondé quand il n’était qu’un collégien de l’ouest de Londres reste l’une des machines à danser les plus redoutable­s de l’electro-rock moderne.

En marge de cette réussite, tout comme son compère Joe Goddard, Alexis Taylor poursuit une carrière solo aussi palpitante que son activité principale. Pour Beautiful Thing, sa quatrième échappée en solitaire, il a pour la première fois fait appel à un producteur, le grand Tim Goldsworth­y (cofondateu­r de DFA Records). Il explique ainsi sa volonté d’appeler du renfort : “C’est toujours pareil : dès que je termine un album, j’ai envie d’en faire un autre. Cette fois, je voulais avoir un regard extérieur, tout en

gardant ce côté personnel, mais en élargissan­t le son et sa portée.” Leur alliance crée un écrin parfait pour ce songwritin­g immaculé d’où surgissent des moments de grâce (comme le sublime I Feel You, sommet de l’album). Singulière et recueillie, la chanson There’s Nothing to Hide a été un momentclé pendant l’enregistre­ment : “On s’est libérés de la rigidité du métronome et on a continué en multipiste­s sans rester sur un seul tempo fixe. C’est un concept important pour cet album.”

Entre soul solaire, ambient de marbre et pop classieuse, Beautiful Thing prouve encore une fois les multiples talents de ce génie discret à la voix androgyne, reconnaiss­able en une seule note. “Parler de musique et écrire sur ce sujet, cela exige certains regroupeme­nts autour de différente­s scènes. Mais pour composer, on n’a pas nécessaire­ment besoin de penser à tout ça.”

Et il a raison : plutôt que d’essayer en vain de décortique­r sa formule magique, il suffit simplement de se laisser porter par ces dix morceaux d’une beauté intemporel­le.

Concert Le 18 septembre à Paris (Badaboum)

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