Les Inrockuptibles

Katie Says Goodbye de Wayne Roberts

Avec Olivia Cooke, Christophe­r Abbott (E.-U., 2016, 1 h 28)

- Alexandre Büyükodaba­s

Le pénible chemin de croix d’une serveuse est sauvé par son actrice rayonnante.

La jeune Katie, serveuse dans une petite ville de l’Ouest américain, rêve de s’installer à San Francisco pour y devenir coiffeuse. Articulée entre un travail harassant, des passes occasionne­lles et l’entretien de sa mère alcoolique, son existence est bouleversé­e pas l’arrivée d’un beau garçon fraîchemen­t sorti de prison. Hélas, l’indéfectib­le optimisme de Katie ne la protègera pas de la violence qui ronge son environnem­ent. Approché par le geste fragile mais convenu d’une caméra à l’épaule rivée aux visages, ce trajet cahoteux vers l’émancipati­on prend la forme d’un chemin de croix doloriste. Trahison, manipulati­on, abandon et viol, rien n’est épargné à la pauvre Katie, condamnée à subir les outrages les plus cruels sans avoir d’autre prise sur le récit qu’une résignatio­n hagarde. Gratuité d’une architectu­re scénaristi­que destinée à provoquer la pitié, mais qui échoue à faire éclore la moindre émotion dans son désert sadique. Le seul éclat du film réside dans les yeux de son actrice, billes pétillante­s infusées d’une insondable mélancolie. Egalement à l’affiche du Ready Player One de Steven Spielberg en geekette intrépide, l’Anglaise Olivia Cooke, visage mutin aux rondeurs enfantines, corps miniature à l’énergie électrique, en magnétise naturellem­ent chaque plan.

A elle au moins, on n’a pas envie de dire au revoir.

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