Les Inrockuptibles

Retour sur scène

Suite des aventures d’une bande d’humoristes dans le Hollywood des seventies.

- I’m Dying up Here Saison 2, le mercredi à 23 h 45, Canal+ séries Olivier Joyard

Il en reste quelques-unes comme celle-ci, mais finalement assez peu. Quelques séries qui ne reposent que sur les mouvements intérieurs de leurs personnage­s scrutés à la loupe, en prenant le temps qu’il faut pour adopter le rythme de leurs désirs. Leurs destins s’étalent en mode mineur devant nous, comme si les séries contempora­ines pouvaient être les mêmes qu’il y a quinze ans. Dans I’m Dying up Here, aucune entourloup­e narrative, aucun concept surplomban­t ne brouille notre vision d’une poignée d’humoristes à la recherche d’une vraie carrière. Ils naviguent entre les clubs de comédie à Hollywood et les plateaux télé dans les seventies défoncées, où le concept de futur n’a pas grand-chose de concret. La série a été créée par Dave Flebotte, avec Jim Carrey comme producteur exécutif. L’univers est pourtant éloigné de celui de Man on the Moon, le splendide film de Milos Forman où le comédien marchait sur les pas de l’as du stand-up postsituat­ionniste Andy Kaufman. Ici, les blagues et la fabrique de l’humour occupent peu d’espace, surtout dans les premiers épisodes de la deuxième saison qui vient de débuter, où I’m Dying up Here assume son amour des coulisses. La vision du show-biz californie­n comme panier de crabes vaguement excitant et humiliant à la fois fait la matière attachante de la série, où se débattent une litanie d’actrices et d’acteurs pour certains réputés, mais restant à la marge.

On retrouve Clark Duke

(The Office), Michael Angarano (The Knick), mais aussi l’excellente Melissa Leo (Treme) et Ari Graynor (Fringe). A travers ces dernières, la série montre que l’idée des femmes dans un monde d’hommes prenait (et prend) un sens précis, qui conditionn­e toutes leurs expérience­s personnell­es et profession­nelles. Le seul rêve qui leur est permis est celui d’exercer leur métier. I’m Dying up Here fait cette constatati­on d’une réalité froide avec une empathie certaine, qui donne envie de lui rester fidèle.

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