Les Inrockuptibles

Premiers Symptômes

Sur France Inter et Canal+, cet accro de culture interroge les plus grands artistes et créateurs. Le journalist­e nous parle de son rapport au temps, du sale goût de la couleur taupe et de l’effet que lui fait Donna Summer.

- Propos recueillis par Fanny Marlier

Les secrets d’Augustin Trapenard

Quel est le premier geste que vous faites au réveil ? Je fume, aussi triste que cela puisse paraître. Le problème du geste de la cigarette, c’est qu’on le croit extrêmemen­t glamour et élégant, alors que, quand on sort de son lit, on est tout sauf glamour et élégant. Du coup, je n’ai rien de Greta Garbo ou Jessica Lange, je ressemble plutôt à l’enfer… Ce qui est encore plus triste, tout compte fait.

Qu’est-ce qui vous obsède ? La lecture, qui ralentit mon rythme cardiaque et a quelque chose d’une drogue. Je lis deux à trois heures minimum par jour et ça me met dans une sorte d’état second.

Par ailleurs, la lecture est aussi pour moi un acte de résistance à l’effervesce­nce, à la rapidité et à l’urgence du monde actuel, du tout, tout de suite. C’est un temps où on est en soi, plus long, plus profond.

Qu’est-ce que vos parents ne vous ont pas appris ? L’envie. Et je les en remercie. Ils m’ont appris à me réjouir du bonheur des autres, ce qui est un avantage dans la vie. Cela suppose une forme d’empathie, mais aussi de curiosité envers le destin d’autrui.

Quel est le goût de votre enfance ?

Celui, fondant et sucré, de l’exquis de Royat, ce gâteau au chocolat dont ma grand-mère avait le secret, et dont j’ai fini toutes les casseroles de préparatio­n, dès l’âge de 3 ans.

Quelle est la couleur que vous ne porteriez jamais ? Le taupe. Je n’ai jamais compris pourquoi quelqu’un pouvait se réjouir de porter du taupe. Bon, en même temps, chacun son sale goût…

Quel est l’endroit où vous retournez et que pourtant vous détestez ?

Les églises, dont j’aime toujours, malgré tout, l’art et l’architectu­re, les résonances et les parfums, le calme et le temps distendu. Je ne suis pas croyant, mais dès que j’en vois une je ne peux pas m’empêcher d’y entrer.

Quelle scène de film connaissez-vous par coeur ? La scène de l’interrogat­oire de Sharon Stone dans

Basic Instinct. Il m’arrive de la rejouer, et cette scène est particuliè­rement incroyable en termes d’intensité de regards.

Quel est le film/le disque/ l’artiste qui vous met hors de vous ?

Donna Summer me met hors de moi, dans le sens où elle me fait danser, ce qui n’est jamais gagné. Qu’est-ce qui ne vous plaît pas chez vous ?

Mon impatience.

C’est épuisant de vouloir que tout aille toujours très vite. La patience est une très belle qualité, surtout dans mon métier, c’est là qu’on arrive à faire sortir les plus belles choses. Par ailleurs, ce qui me dérange, c’est que lorsqu’on est impatient, on parle tout le temps. Et du coup, on manque d’écoute.

Que faites-vous quand votre créativité est bloquée ?

La beauté de mon métier, c’est d’avoir la chance d’interroger la créativité. En aucun cas d’en avoir. J’adore recueillir la créativité de l’autre, donc si elle venait à me manquer, tant mieux parce que je pourrai encore plus écouter celle des autres.

Qui avez-vous imité pour devenir vous-même ? D’un point de vue biographiq­ue, mon grand frère. Dans mes rêves les plus fous, Freddie Mercury, qui est pour moi une icône absolue. Et enfin, Bernard Pivot, qui a été un très grand modèle pour sa bonhomie et son sens de l’écoute. Et pour sa passion, qu’il sait transmettr­e mieux que quiconque : on a envie d’être dans un salon avec lui.

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