Volontaire

d’Hélène Fillières

L’histoire d’une émancipation féminine dans le milieu militaire. Un sujet surprenant aplati par un traitement sans nuances. IMPOSER UN CORPS FÉMININ EN TERRITOIRE VIRIL ET BELLICISTE, plusieurs cinéastes français s’y sont essayés dernièrement : Les Combattants et Voir du pays ont questionné l’armée et les normes militaires, l’un par le biais d’un film de bidasses et l’autre à travers un drame post-traumatique sur fond de club de vacances, tous les deux avec un souci du décalage permettant de révéler l’inanité et la bizarrerie de ce monde. Or, c’est justement ce qui manque à Volontaire, qui reste le nez collé à son sujet, avec le désir secret, semble-t-il, de ne jamais lui manquer de respect. On suit le parcours linéaire et assez prévisible d’une jeune gradée qui cherche à intégrer une branche hardcore de la Marine nationale. Et, au cas où le spectateur serait passé à côté du scénario, Fillières le figure symboliquement par un grand mur que l’héroïne doit franchir à mains nues pour arriver à ses fins. Plus ardue encore est la tâche qui lui incombe de ne jamais interroger sa propre ambition (l’interprétation de Diane Rouxel est néanmoins l’une des rares réussites du film), une posture intéressante si Fillières, à sa place de cinéaste, se chargeait de la mettre en doute : pourquoi cette jeune fille est-elle obsédée par la discipline ? Qu’est-ce que la virilité ? A l’inverse, Volontaire se concentre sur la relation crypto-ambigüe de l’élève avec son chef (Lambert Wilson qui n’en peut plus de rouler les yeux et surtout donne l’impression de ne rien faire de ses journées) et se confond avec les codes esthétiques de son modèle : cadres rigides et disciplinés, goût du monumental (via de terrifiants plans en grand angle), dialogues mécaniques, longues scènes protocolaires... Dans son délire mimétique – qui culmine avec le caméo de la réalisatrice en commandante d’armée –, il s’agit moins de bousculer un monde que d’en épouser vaillamment les valeurs musclées.