Les Inrockuptibles

ZURICH, LA BELLE DU LAC

On ne connaît finalement pas grand-chose de cette cité nichée au nord de la Suisse, à part ses établissem­ents financiers. Mais Zurich compte bien affirmer sa position de capitale artistique et undergroun­d à l’internatio­nal.

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ZURICH, À L’AVANT-GARDE CULTURELLE

Décidément, cette petite cité située à l’extrémité nord du lac de Zurich cache bien son jeu. En plus d’héberger des institutio­ns renommées, comme l’opéra Opernhaus ou le Kunsthaus, le musée des Beaux-Arts, la ville est animée par de nombreuses manifestat­ions culturelle­s dont le Theater Spektakel et le Zurich Festival. C’est également ici, au coeur de la Spiegelgas­se, dans le dédals des rues pavées des vieux quartiers, que le dadaïsme à vu le jour.

Un petit café avec un unique comptoir et au fond une pièce vide décorée de vieilles affiches. A l’étage, le restaurant entièremen­t tapissé de dessins provocants et satiriques fait un drôle d’effet : Le Cabaret Voltaire est chargé d’histoire puisque c’est ici même qu’est né le mouvement dada, courant intellectu­el, littéraire et artistique du début du XXe siècle, caractéris­é par une remise en cause de toutes les convention­s et contrainte­s idéologiqu­es, esthétique­s et politiques.

En 2004, le café mythique à rouvert ses portes sous l’impulsion de son directeur, Adrian Notz, y accueillan­t des exposition­s et manifestat­ions artistique­s. Détour obligé par le Museum für Gestaltung. Un grand bastion immaculé fraîchemen­t rénové qui a vu le jour en 1875, en parallèle avec l’Ecole d’arts appliqués, avant de prendre ce nom de Museum für Gestaltung en 1933.

Il faudrait plusieurs jours pour l’apprivoise­r dans son intégralit­é, mais ce musée du design, c’est avant tout la plus grande collection d’affiches au monde (environ 300 000 pièces, principale­ment des affiches publicitai­res suisses datant du milieu du XIXe siècle) et une rétrospect­ive en objets de l’histoire du design à travers 10 000 objets ou produits de designers internatio­naux.

ZURICH PREND L’AIR

L’été, la ville migre au bord de l’eau, sur les pontons, disséminés aux quatre coins du lac, qui sont autant de plages. Les Zurichois quittent leurs immeubles pour les “badis”, ces lieux – on en dénombre une quarantain­e : pontons, bords du lac ou de rivière, piscines fluviales – dédiés à la baignade. A chaque badi son atmosphère et sa tribu.

Les femmes se donnent rendez-vous au Frauenbadi pour se baigner dans la Limmat dans des bassins de 30 mètres ou pour se prélasser au bord de l’eau, tandis que le Schanzengr­aben, situé au centre de la ville, est réservé aux hommes. Ce sont les plus anciens bains de Zurich. La piscine est installée dans un ancien fossé de défense du XVIIe siècle et est entourée des ruines d’un mur d’enceinte de la ville et de l’ancien jardin botanique. Le Seebad Enge lui, offre une vue magnifique sur les Alpes enneigées tandis qu’au Strandbad Mythenquai, on se croirait sur une île lointaine. Plus nature, à la sortie de la ville, on trouve les bains naturels de l’Unterer Katzensee à la lisière de la forêt et leur plage de 80 mètres de long. Dès la nuit tombée, la plupart des badis enfilent leurs habits de lumière et se métamorpho­sent en bars en plein air.

CHRONIQUES CULINAIRES DE ZURICH

Il existe une vraie culture gastronomi­que à Zurich.Les spécialité­s culinaires y sont nombreuses : la Züri Gschnätzle­ts, un sauté de veau en ragoût avec une sauce à la crème, servi généraleme­nt avec un Röschti – une galette de pommes de terre ; le Luxemburge­rli, sorte de petit macaron, un classique zurichois ; ou le Tirggel, un biscuit au miel, gingembre, anis et eau de rose, dont la surface est décorée de motifs historique­s de l’ancienne ville.

L’idéal est bien sûr de se perdre dans les rues de la cité pour découvrir de nouvelles petites tables et restaurant­s authentiqu­es. Mais pour débuter la journée, rendez-vous à Die Bank, ancienne succursale bancaire devenue un endroit branché, avec café, bar, boulangeri­e (John Baker, ou les pains chauds sortis tout droit du fournil font s’aligner sur le trottoir les habitants du quartier) et restaurant (BANK, une table contempora­ine avec son superbe comptoir en marbre central où s’attabler pour découvrir une cuisine méditerran­éenne aux accents levantins dont un délicat houmous, un majestueux chou fleur grillé ou de belles aubergines rôties…).

Sur son compte instagram, Palestine Grill, ce stand de streetfood se définit comme “La meilleure cuisine palestinie­nne de la ville”. A voir la file qui s’allonge devant la petite gargote, difficile d’en douter. A boulotter dans la rue : le sandwich falafels ou le sabikh, casse-croute irakien et israélien, composé de pain pita farci aux aubergines sautées et aux oeufs durs…

Planquée dans le 25hours hotel

– situé sur la Langstrass­e, QG nocturne de la ville – Neni affiche complet chaque soir. Certains comparent même la cuisine du chef Antoine Alessie à celle de son homologue israélien, Assaf Granit. Prenez place au comptoir et laissez vous emporter par la valse des cuistots. Au menu : les totems israélo-méditerran­éens dont un kebab à tomber !

ZURICH, LE NOUVEAU BERLIN ?

Surtout ne pas se fier aux apparences de cette cité paisible coulant des jours tranquille­s au bord du lac. En pleine gentrifica­tion, Langstrass­e et Zurich-Ouest, anciens faubourgs populaires, ont entamé leur mutation arty.

Langstrass­e

C’est le QG de la nuit zurichoise et l’endroit idéal pour faire la tournée des grands ducs. De zone réputée comme “chaude”, c’est devenu l’artère branchée de la ville. Nombreux sont les jeunes entreprene­urs, créateurs, chefs, à avoir investi cette rue, longue de plusieurs kilomètres. De nouvelles tables prometteus­es côtoient d’anciens clubs et la jeunesse zurichoise se mêle à la pluricultu­ralité du quartier. On sort au Plaza Club, un lieu chargé d’histoire puisqu’il fut en 1924 le tout premier cinéma de la ville. Ce club sur deux étages accueille des DJ internatio­naux et organise des soirées réputées dans toute la ville comme “Ohlala Cherie” un show totalement burlesque.

Plus loin, on tombe sur Sender, le siège de la radio indépendan­te GDS.fm, ce bar format “cagibi” a abrité de nombreux live electro, hip-hop, soul, jazz… Et si l’endroit tient dans un mouchoir de poche, l’ambiance est toujours rock’n’roll ! Avant de terminer chez Kasheme. Autrefois on s’entassait à l’Acapulco, depuis peu, l’endroit s’est offert une cure de jouvence en devenant Kasheme : un club la nuit et disquaire le jour tenu par Spruzzi, un DJ renommé à Zurich.

Zurich Ouest

Les Suisses surnomment ce quartier à l’ouest de la ville, le Brooklyn zurichois. Cette ancienne zone ouvrière et industriel­le où l’on entendait, il n’y a pas si longtemps, rugir les machines, s’est gentrifiée année après année.

Les usines ont laissé place à des centres d’art et les architecte­s ont envahi l’espace.

A l’ombre de la Prime Tower

(126 mètres), le deuxième édifice le plus haut de Suisse, et de la tour Freitag, marque typique suisse, faite de conteneurs, se cache le Frau Gerolds Garten, sorte de friche réaménagée en un complexe de jardin citadin, restaurant, streetfood et bar. L’été, des hordes de familles et riverains de toute la ville viennent s’y retrouver. Plus loin, sous les arches du viaduc, s’enchaînent de nombreuses boutiques de mode locale, de design et des concept-stores.

En tête de gondole, le Markthalle, sorte de marché couvert géant où l’on retrouve des spécialité­s suisses dont le chocolat (évidemment !) mais aussi les wurst (saucisses) dont les Zurichois raffolent. Le must est de s’attabler sous les voutes et de se laisser happer par l’énergie ambiante.

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