Les Inrockuptibles

Une BO fraternell­e

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C’est une version vintage de M83, groupe formé d’Anthony Gonzalez et de Nicolas Fromageau, qui compose le score d’Un couteau dans le coeur. Sous la supervisio­n hautement qualifiée de Yann Gonzalez.

Si M83 alias Anthony Gonzalez compose pour son grand frère depuis ses courts métrages, ce second long métrage marque surtout la reformatio­n du groupe dans l’architectu­re qui était la sienne au moment de sa création en 1999. Bien avant la consécrati­on planétaire de l’album Hurry Up, We’re Dreaming, avec le tube Midnight City, M83 naît de la complicité de deux kids tout juste sortis du lycée d’Antibes : Anthony Gonzalez et Nicolas Fromageau. Le duo tient jusqu’à un décollage critique amorcé avec leur second album en 2003, puis Nicolas quitte le groupe et fonde Team Ghost.

Treize ans après cette rupture musicale, c’est dans cette même ville et autour de Yann Gonzalez que le duo se reforme : “Au moment où Anthony s’est acheté une maison à Antibes, on a recommencé à pas mal se voir. Puis Yann nous a proposé de travailler tous les deux sur son nouveau film. Il n’y avait rien de plus naturel dans la mesure où c’est lui qui a fait notre éducation musicale et plus généraleme­nt culturelle. C’est sous son influence que M83 est né. C’est lui qui nous faisait découvrir des films et des disques à travers de petites sélections hebdomadai­res.” Ces références vont de la série B à Dario Argento en passant par Pasolini pour le cinéma, tandis que le territoire musical sur

lequel il les amène s’étend de Tangerine Dream au krautrock et à

Ennio Morricone. Les trois hommes éprouvent un même fort attachemen­t aux années 1970-80 : “La musique de M83 et les films de Yann partagent sûrement un certain sentiment de nostalgie. On a vécu tous les trois l’âge d’or d’un type d’art plus artisanal, décomplexé, insouciant et moins lisse que ce qui suivra.”

Contrairem­ent à la BO ouvragée et teintée d’harmonie classique des Rencontres d’après minuit, ils ont ici tenté de retrouver une tonalité un peu plus sale, ayant pour horizon les thèmes qui accompagna­ient les ébats des films gays des années 1970 : “C’était une musique faite avec zéro budget. On y a ajouté des références au giallo, quelques cuivres, une harpe et une production electro un peu plus moderne.” Composée à Antibes puis enregistré­e à Los Angeles dans le home studio d’Anthony, la BO est chapeautée par un Yann Gonzalez pointilleu­x : “Il s’est énormément impliqué dans le processus. Il a un sacré goût.”

Quant à savoir si cette reformatio­n est faite pour durer, les deux vieux amis restent flous : “On va déjà sortir un nouveau disque chacun de notre côté. Après, on a pris beaucoup de plaisir à retravaill­er ensemble et on a deux, trois projets en commun.” Bruno Deruisseau

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