Une prière avant l’aube de Jean-Stéphane Sauvaire
Avec Joe Cole, Vithaya Pansringarm, Panya Yimmumphai (Fr., 2018, 2 h 02)
Un jeune boxeur anglais est emprisonné en Thaïlande. Une esthétique virile et doloriste.
Au croisement entre film de boxe et film de prison, Une prière avant l’aube raconte l’histoire vraie de Billy Moore, un jeune boxeur anglais incarcéré en Thaïlande pour détention de drogue. Confronté au règne des gangs et martyrisé par les Thaïlandais, il tente de trouver une place en participant à des tournois de boxe thaïe entre prisonniers. Venu du documentaire, JeanStéphane Sauvaire réalise ici son troisième long métrage de fiction après Johnny Mad Dog (2007) et son téléfilm avec Béatrice Dalle, Punk (2012). Les trois films partagent une fascination pour la violence brute, physique et virile sous laquelle ne palpite aucune idée, ne tremble aucune sensibilité. Il regarde les enfants soldats du Liberia, les ados punks français ou ce boxeur anglais comme s’ils étaient les vecteurs interchangeables d’une même violence aveugle et désincarnée. Sa réalisation démonstrative et nerveuse opère le même lissage. Faite de plansséquences caméra à l’épaule, elle ne revendique d’autre désir que celui d’esthétiser l’adrénaline qui gonfle les veines et les yeux injectés de peur, de douleur ou de haine. Ce cinéma au-dessus duquel clignote l’enseigne “dolorisme” croit que c’est de la débauche d’horreur et de l’immersion sans concession que naît l’empathie. Il oublie que filmer, c’est opérer une coupe dans le réel, éprouver le désir de partager un sensible plus étoffé qu’une primitive représentation de la violence.