Les Inrockuptibles

How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell

Avec Elle Fanning, Nicole Kidman, Ruth Wilson (E.-U., 2017, 1 h 42)

- Jacky Goldberg

La rencontre d’un ado et d’une extraterre­stre fait l’objet d’une fable queer et punk par le cinéaste de Shortbus. 1977, un adolescent britanniqu­e se rend après un concert dans une drôle d’after party, où il rencontre une jeune extraterre­stre toute de latex vêtue, à qui la toujours parfaite Elle Fanning prête ses doux traits. A son contact, cette dernière va apprendre la liberté, l’individual­isme et dévier de sa mission sur Terre – programme typique du “gentil E.T. movie”. On imagine sans peine ce qui a poussé John Cameron Mitchell, cinéaste d’un certain hédonisme queer (Hedwig and the Angry Inch, Shortbus), à s’emparer de la nouvelle originale de Neil Gaiman : le besoin de se reconnecte­r à l’énergie punk originelle – 1977 est l’apogée du mouvement, l’année où sortent Never Mind the Bollocks des Sex Pistols et The Clash –, de repartir de la racine de notre monde contempora­in, pour tenter d’y tracer un autre possible.

How to Talk to Girls at Parties ne s’économise ainsi aucun cliché d’époque, mais c’est pour mieux les tordre, les amener vers la seule chose qui au fond intéresse le New-Yorkais : l’invention, ou la réinventio­n de soi, par la sexualité et la mutation. A ne fonctionne­r, comme on dit, “qu’à l’énergie”, J.C.M. perd parfois le fil de sa sympathiqu­e parabole, mais il la retrouve dès qu’apparaît la reine Kidman, interpréta­nt ici une matrone punk, clairement inspirée de Vivienne Westwood, décidée à flinguer l’ordre établi. La revoir s’amuser autant, pour la première fois depuis longtemps, suffit à notre bonheur.

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