Les Inrockuptibles

ALAN VEGA

Six rééditions et une soirée hommage pour un grand défricheur

- Stéphane Deschamps

S’IL N’ÉTAIT PAS MORT LE 16 JUILLET 2016, Alan Vega aurait eu 80 ans le 23 juin prochain. Et ça va se fêter ce jour anniversai­re même, sans déambulate­ur mais en déambulant dans les espaces de l’ancien cinéma parisien L’Entrepôt, investi par une nouvelle équipe et promis à devenir un lieu culturel qui compte à Paris.

Programmée dans le cadre du festival d’Avant-séance (où l’on a vu récemment Cat Power et Archie Shepp), cette soirée s’annonce aussi longue, folle et dense que la carrière d’Alan Vega. Dès 18 heures, on y verra des exposition­s et des projection­s, suivies d’un débat autour de l’oeuvre d’Alan Vega, puis, à partir de 21 heures, d’un concerthom­mage dont le casting excite. Sont attendus Christophe (qui avait invité Alan Vega sur son album Les Vestiges du chaos),

Pascal Comelade, Marc Hurtado (qui a beaucoup travaillé avec lui), Tristesse Contempora­ine,

Jac Berrocal, David Fenech, Turzi, Rachid Taha, Jesse Malin ainsi que sa femme et son fils, et une quinzaine d’autres artistes qui tous ont succombé à la transe electrovau­dou du totémique Alan Vega.

Vega est une figure culte dans l’histoire du rock au sens large, dont il a traversé les chapitres en les assaillant de gribouilli­s sauvages, parfois avant même qu’ils ne soient écrits. Du rockabilly à l’indus en passant par le blues, l’ambient, la techno, le hip-hop, le cri sous toutes ses formes ou la musique spirituell­e, Vega a touché à tout, et tout transformé. La musique réinventée par un vampire depuis la salle des machines, dans le labyrinthe des tuyauterie­s bouillante­s, des vapeurs toxiques et des néons grésillant­s. Silhouette de coléoptère venu de l’espace, Alan Vega est le bug dans la machine.

Eclos à la musique sur le tard (il avait plus de 30 ans quand il a commencé le groupe Suicide), Alan Vega a pourtant toujours gardé la vigueur et la jeunesse des visionnair­es avant-gardistes. Les traces de sa musique pulsent partout où le rythme est prétexte à déviances oniriques et digression­s tribales, de LCD Soundsyste­m à Gang Gang Dance en passant par The Legendary Tigerman. On peut replonger dans les années 1990 de sa discograph­ie via cinq albums plutôt peu connus, qui viennent d’être réédités en CD et vinyle : Deuce Avenue, Power on to Zero Hour, New Raceion, Dujang Prang, 2007, ainsi que le plus tardif Station (2007). La redécouver­te permet de mesurer qu’à l’époque Alan Vega avait encore vingt ans d’avance.

Soirée hommage à Alan Vega

Le 23 juin à l’Entrepôt, Paris XIVe Albums Deuce Avenue,

Power on to Zero Hour, New Raceion, Dujang Prang, 2007, Station (Digging Diamonds)

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En 2012
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