JAMIE ISAAC
Le prodige anglais atteint une plénitude jazzy
Le prodige anglais atteint enfin la plénitude sur son deuxième effort.
LA TRÈS RÉPUTÉE BRIT SCHOOL en a vu passer, des prodiges anglais. D’Amy Winehouse à Adele sans oublier King Krule, tous ont usé les bancs sur lesquels s’est assis Jamie Isaac. Malgré Couch Baby, un premier album inégal mais convaincant, ce dernier n’a pas encore su se hisser à la hauteur des étoiles montantes de l’écurie Brit School que sont Loyle Carner et Rex Orange County.
Il rectifie le tir deux ans plus tard avec (04:30) Idler, un album délicieusement jazzy qui devrait, si justice il y a, imposer le garçon parmi ses jeunes pairs. Porté par une production soyeuse et cotonneuse, l’album se révèle être un formidable compagnon d’insomnie (un thème cher à Jamie Isaac). De Wings à Maybe, petits tubes qui s’ignorent empruntant leurs rythmes à la bossa nova en passant par les nappes post-James Blake de Delight ou la nu-soul sur le lascif Eyes Closed, (04:30) Idler possède ce charme indolent qui fait mouche.
Composé en Californie mais enregistré en Angleterre, (04:30) Idler porte les traces des mélodies solaires de la West Coast rattrapées par le brouillard londonien. Une atmosphère vaporeuse et vespérale
qui infuse ce rêve éveillé propice aux errances et aux divagations. Nul besoin d’opiacés pour se plonger dans ce songe aux contours flous mais aux visions saisissantes. La faute à ce piano omniprésent qui se répand en échos, cette voix caressante et envoûtante et ces textes qui poussent à l’abstraction. Rien de plus normal pour ce fréquent collaborateur de King Krule, autre adepte de ce jazz brumeux aux effluves liquoreux.
Et même lorsqu’il effleure des lèvres le r’n’b qui a fait son succès sur l’ep
Blue Break, Jamie Isaac convoque les réminiscences du Blonde de Frank Ocean. Une influence parmi la centaine qui parsème le disque de cet éternel étudiant. Au buffet des anciens élèves de la Brit School, Jamie Isaac n’aura désormais plus à rougir. Avec (04 :30) Idler, il prouve qu’il a l’étoffe pour s’asseoir à la table des stars de l’école.